«Le processus électoral qui commence actuellement en Guinée est un processus biaisé sur toute la ligne». Voilà comment le président du Mouvement Patriote pour l’Alternance et le Salut s’exprime sur le déroulement du processus électoral en cours dans le pays.
Rencontré notre rédaction ce lundi, 10 août 2020, Ibrahima Sanoh dénonce une incohérence dans la démarche de la CENI en prélude à la présidentielle du 18 octobre prochain.
« La CENI annonce une date qui est difficile à tenir puisque nous sommes dans un contexte de crise sanitaire où les mesures barrières doivent être respectées. Est-ce que la Guinée peut organiser une élection présidentielle dans un tel contexte, prendre le risque de rassembler des millions de Guinéens devant les urnes, contribuer à la propagation de la pandémie dans notre pays pour mettre en danger de la vie de nos concitoyens ? C’est la question que je me pose. L’autre chose, la CENI a annoncé récemment une révision exceptionnelle des listes électorales elle dit que cette révision se fera du 20 au 5 août, et malheureusement sur ses affiches c’était écrit du 17 au 31, comment est-ce qu’une institution sérieuse peut afficher deux dates différentes pour un processus électoral », s’intteroge notre interlocuteur
La CENI se dit prête à aller à la présidentielle le 18 octobre. Elle continue de dérouler son calendrier sur le terrain dans ce sens.
Selon Ibrahima Sanoh, malgré sa prises de positions concernant le fichier électoral, l’opposition n’a pas d’autre choix que de prendre part au scrutin.
« Je ne vois aucune voix discordante à cela naturellement. C’est sûr que les uns et les autres vont se faire remarquer pour espérer avoir une victoire qu’ils n’auront nulle part. Mais s’ils le font libre à eux ».
S’exprimant sur la désignation d’Alpha Condé comme candidat à la prochaine présidentielle, Ibrahima Sanoh pense que la mouvance n’avait pas besoin d’organiser une convention pour ça à partir du moment où « Alpha Condé a toujours dit s’il y a une nouvelle constitution naturellement y aura un troisième mandat ».
Alpha Condé après le choix porté sur lui, n’a pas donné une réponse claire à ceux qui l’ont désigné.
Pour le président du Mouvement Patriote pour l’Alternance et le Salut, Alpha Condé rempile déjà pour un autre mandat à la tête de la Guinée.
« Alassane Ouattara avait dit qu’il prenait acte l’autre fois, quelque temps après il a dit je suis candidat. Alpha Condé avait dit lorsque la mouvance lui a dit de proposer une nouvelle constitution il avait dit qu’il prenait acte on a vu après. Maintenant qu’il dit aussi qu’il prend acte naturellement il est candidat », a-t-il affirmé
La seule alternative pour doter le pays d’une dynamique forte et capable de faire plier les autorités face à certaines décisions, Ibrahima Sanoh plaide pour «la refondation de la société civile guinéenne, partir sur des nouvelles bases », ajoute-t-il
Pour sa participation à un dialogue et au processus électoral, l’opposition exige l’annulation du double scrutin du 22 mars par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Pour cet observateur, l’opposition demande trop. Cependant il invite les acteurs politiques qui doivent competir à cette élection d’exiger un dialogue sous l’égide de la communauté internationale.
« Mais en posant des conditions plus intéressantes possibles. Pas des conditions irréalistes qui consistent à dire annuler l’Assemblée, annuler la nouvelle constitution (…) C’est de dire nous voulons des garanties pour le fichier électoral et une date d’élection consensuelle. Comme ça on oblige Alpha Condé faire montre d’une bonne volonté. Parce que jusqu’à présent il ne se sent pas défier. Il faut qu’il ait ce défi là pour qu’il sorte dans cette position confortable et se dire y a mon honneur qui est en jeu. Mais les gens décident de se faire remorquer en espérant le battre, bonne chance à eux ».