La direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) est accusée d’avoir torturé Abdoulaye Radiaye Barry qui est mort en détention, vendredi 27 mars 2020.
D’après notre source qui a requis l’anonymat, Abdoulaye Radiaye Barry souffrait d’une dépression et qu’il est sorti, 2 jours après le double scrutin 22 mars, de chez lui vers 16 heures pour ne plus revenir. «Le mardi 24 mars, je l’ai laissé à la maison et je suis allé au travail. Ma femme m’a dit qu’il est sorti à 16 heures et n’est plus revenu. C’est le lendemain, mon frère est allé à la Dcpj et a su qu’il y était détenu. Mais on ne nous a pas laissés le voir. On lui a acheté à manger qu’on a remis aux agents. Nous leur avons informé qu’il souffrait d’une dépression. Les agents nous ont demandés d’envoyer ses certificats médicaux. On est revenu les chercher à la maison, en vain. Le jeudi 26 mars, nous sommes repartis à la Dcpj, on ne nous a pas encore laissés voir notre frère. On lui a acheté à manger qu’on a remis aux agents. Le vendredi à 15h, mon frère est passé à la Dcpj pour lui envoyer à manger. Le samedi, la Dcpj nous a appelés pour nous dire de faire tout possible pour envoyer les papiers. Le samedi aussi, mon jeune frère lui a apporté a manger à 10h. Vers 13h, on a retrouvé les documents médicaux.
«Mort sous l’effet de la torture»
Le samedi à 17h, poursuit notre source, «la Dcpj nous a appelés pour nous dire d’y aller avec ou sans les papiers. A 18h, mon beau-frère et moi sommes allés à la Dcpj. Il nous ont fait entrer dans un bureau, et nous ont demandé si le frère était malade. Nous leur avons dit qu’il avait une dépression, mais qu’il n’était pas violent. Ensuite, il nous ont dits qu’il a été arrêté à la Présidence par les bérets rouges qui l’ont déposé à la Dcpj. Ils nous ont dit que ces derniers jours, il serait devenu violent dans sa cellule et se cognait la tête contre le mûr et il a rendu l’âme depuis vendredi à 18h vers l’hôtel Noom alors qu’ils étaient en train de le transporter à l’hôpital Ignace Deen et que son corps est à la morgue».
Dissimulation des preuves
Notre source relève une incohérence dans la version de la Dcpj. «Nous tous savons qu’en venant de la Dcpj, on passe devant Ignace Deen avant d’arriver à Noom. Donc, ce que la Dcpj nous a dits n’est pas clair. Nous leur avons demandé si on pouvait voir le corps, ils ont accepté. On s’est embarqué dans leur pick-up et on est parti à la morgue. Ils ont fait sortir le corps. Mon beau-frère et moi avons regardé et on a constaté qu’il y avait une fracture sur sa tête avec du sang coagulé dans ses yeux. Il avait également perdu deux dents. Ils nous ont dit qu’ils ont fait leur autopsie et qu’ils pouvaient appeler le procureur pour avoir l’autorisation de nous rendre le corps. Ils nous ont demandé s’ils pouvaient, eux-mêmes, laver le corps. Nous leur avons dit de nous laisser d’abord informer la famille. Le dimanche matin, quand nous sommes venus à la morgue, nous avons demandé à laver le corps, ils nous ont fait comprendre qu’ils l’ont déjà fait. Ils nous dit qu’ils ont pris une ambulance à leur frais pour raccompagner le corps jusqu’au cimetière. On est venu l’enterrer à Hamdallaye».
Notre témoin est catégorique : « d’après les blessures que j’ai vues sur sa tête, je me dis que mon frère a été tué sous l’effet de la torture. C’est comme si la Dcpj a précipité l’enterrement pour cacher la vérité».