Dans son ouvrage intitulé “Ils savent que je sais tout, ma vie en Françafrique”, Robert Bourgi, conseiller politique de la France en Afrique, révèle des éléments troublants sur les relations entre la France et certains pays africains. Selon lui, plusieurs présidents africains ont été contraints de payer des dirigeants français pour établir leur gouvernance et maintenir leur pouvoir, tout cela au détriment des contribuables de nations déjà en difficulté. Ces révélations viennent renforcer la position des dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Dans une interview accordée à TV5, l’ancien homme de main de la politique française sur le continent détaille plusieurs transactions financières compromettantes. Il confie avoir acheminé près de 10 millions de francs français de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny vers la France. Il évoque également des sommes allant de 80 à 86 millions de francs destinées au fonctionnement du Rassemblement pour la République (RPR), le parti de Jacques Chirac. De plus, il révèle que le président burkinabè, Blaise Compaoré, a envoyé 3 millions de dollars à Chirac et à Dominique de Villepin.
Un autre passage marquant de son livre aborde la présidence de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Bourgi raconte comment le président français Nicolas Sarkozy avait menacé Gbagbo avant de le faire déloger par l’armée française en 2011. « Lorsque le président Sarkozy m’a demandé de passer un coup de fil à Laurent Gbagbo, je savais très bien qu’en cas de refus, cela pourrait être terrible. J’ai essayé de lui faire comprendre que sa vie était en danger. Mais il m’a raccroché au nez », confie-t-il.
Robert Bourgi ajoute : « Ce sentiment de culpabilité m’habite depuis la chute de Laurent Gbagbo parce que je l’ai vécu. J’ai essayé d’attirer son attention. » Ces révélations soulèvent des questions sur les méthodes utilisées par la France pour maintenir son influence en Afrique et sur les conséquences de ces pratiques pour les dirigeants africains et leurs pays.
« Pour ma part, la Françafrique est finie. J’assiste simplement, de façon impuissante et triste, au déclin de la France en Afrique. Et tout cela à cause de l’arrogance de notre pays vis-à-vis des chefs d’État africains », conclut Robert Bourgi.
L’ouvrage de Bourgi est une plongée révélatrice dans les relations souvent troubles qui unissent la France à l’Afrique, mettant en lumière les enjeux de pouvoir et les compromissions politiques.