Alors que les tensions géopolitiques s’aggravent avec la guerre en Ukraine, et la crise taïwanaise, le secrétaire général de l’Onu a profité de l’ouverture de la 78e assemblée générale de l’Onu pour alerter sur les risques que le monde encourt.
Selon Antonio Guterres, le monde est actuellement “sens dessus dessous” et en proie avec une multitude de “menaces existentielles”. «Pendant la majeure partie de la guerre froide, les relations internationales ont été largement perçues à travers le prisme des deux superpuissances. Puis vint une brève période d’unipolarité. Nous nous dirigeons maintenant rapidement vers un monde multipolaire. C’est une évolution positive à bien des égards, porteuse de nouvelles perspectives de justice et d’équilibre dans les relations internationales. Mais la multipolarité ne peut à elle seule être gage de paix. Un monde multipolaire a besoin d’institutions multilatérales fortes et efficaces. Pourtant, la gouvernance mondiale est figée dans le temps. Il suffit de regarder le Conseil de sécurité de l’ONU et le système de Bretton Woods. Ils reflètent les réalités politiques et économiques de 1945, lorsque de nombreux pays présents dans cette salle étaient encore sous domination coloniale. Le monde a changé. Nos institutions, non. Nous ne pouvons pas traiter efficacement les problèmes tels qu’ils sont si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu’il est. Au lieu de nous aider à régler les problèmes, nos institutions risquent d’en être une des sources. Et de fait, les clivages ne cessent de s’accentuer. Les clivages entre puissances économiques et militaires».
Le chef de l’Onu estime qu’il est grand temps de renouveler les institutions multilatérales sur la base des réalités économiques et politiques du XXIe siècle. «Cela demande de réformer le Conseil de sécurité pour l’adapter au monde d’aujourd’hui. Cela demande de repenser l’architecture financière internationale pour qu’elle devienne véritablement universelle et soit un filet de sécurité mondial pour les pays en développement en difficulté. Je ne me fais pas d’illusions. Les réformes sont affaire de pouvoir. Je sais qu’il existe de nombreux intérêts concurrents et priorités contradictoires. Mais l’alternative n’est pas entre la réforme et le statu quo. L’alternative est entre la réforme et une fragmentation encore plus grande. C’est la réforme ou la rupture. Dans le même temps, les fossés se creusent à l’intérieur des pays. La démocratie est menacée. L’autoritarisme est en marche. Les inégalités s’aggravent. Et les discours de haine se propagent», a martelé Guterres.
Face à tous ces défis et à bien d’autres encore, le diplomate onusien affirme que le mot “compromis” semble être devenu tabou. «Ce dont notre monde a besoin, c’est d’une vision politique, pas de manœuvres ni d’une impasse. Comme je l’ai dit au G20, il est temps de parvenir à un compromis mondial. La politique, c’est le compromis. La diplomatie, c’est le compromis. Un leadership efficace, c’est le compromis. Les dirigeants du monde ont le devoir de parvenir à un compromis pour construire un avenir commun de paix et de prospérité, dans l’intérêt commun», a-t-il insisté.