Le président du parti Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) déplore l’absence de dialogue entre les acteurs sociopolitiques et le gouvernement pendant cette période de transition. Dans un entretien accordé à notre rédaction, ce lundi 21 août 2023, Dr Abdoulaye Diallo a remis en cause la capacité des dirigeants actuels à sortir la Guinée de l’ornière. Pour lui, la gouvernance du CNRD est le prolongement des anciens régimes que le pays a connus ces dernières décennies.
« Vous savez, la Guinée n’a jamais connu un régime normal qui applique la loi et gouverne en fonction des textes. Nous n’avons eu que des gens qui n’ont aucune formation, aucune éducation pour diriger avec conviction. Malheureusement, ces militaires-là sont venus hériter de ce système et c’est le même système qui continue. Donc, le discours politique de la junte, moi, ne me rassure pas, je les observe. Parce que jusqu’à présent, ces gens-là ne nous ont pas dit réellement qu’est-ce qu’ils veulent faire de la Guinée, sauf dire que la justice sera la boussole. Ce qui fait que ce n’est pas facile pour un parti politique de les juger ».
D’après le leader du MSD, le gouvernement a initié plusieurs dialogues, mais qui n’ont connu aucun succès. « On se retrouve, on discute et on fait des textes, mais il n y a pas de débats de fond pour dire voici la position du gouvernement par rapport à tel ou tel sujet, les partis politiques aussi donnent leurs positions, mais le plus souvent ce n’est pas cela », regrette-t-il.
Concernant le respect du chronogramme de la transition fixé à 24 mois entre le gouvernement guinéen et la CEDEAO, Dr Abdoulaye Diallo estime que le CNRD ne doit pas brandir la question de mobilisation de fonds comme un obstacle pour le retour à l’ordre constitutionnel.
« Dès qu’ils parlent de fonds, dire que c’est 600 millions de dollars, ce qu’ils ne veulent rien faire. Ce n’est pas un problème de fonds, on peut réaliser beaucoup d’activités sans attendre l’aide extérieure. Mais, le seul préalable c’est d’abord de tenir un discours. Donc moi ce que je reproche à la junte, c’est le manque de démocratie et l’absence d’un discours officiel et audible. Et pour le moment, ce sont les journalistes et les gens du pouvoir qui parlent d’un glissement de calendrier comme ils ont fait avec Alpha Condé pour son troisième mandat ».
Dès le lendemain du coup d’Etat du 5 septembre 2021, le président du parti MSD dit avoir constaté les carences du CNRD qui, selon lui, est en manque d’expérience en matière de gestion de la chose publique. « Ce n’est pas parce que c’est des militaires, c’est parce qu’ils ne sont pas à la hauteur, ils ne peuvent pas gérer, ils ne peuvent que contrôler avec l’espionnage, des incidents qu’on crée par-ci par-là. Et c’est ce que j’avais dit juste après l’euphorie de la prise du pouvoir ».