Les étudiants guinéens au Maroc tirent le diable par la queue. Depuis maintenant 8 mois, ils n’ont pas reçu leur bourse d’entretien. Une situation qui affecte considérablement leurs conditions de vie et d’études selon nos informations.
Ils sont environ 700 étudiants (tout niveau confondu) dans cette situation. Ils ne parviennent plus à payer le loyer, le manger, le transport pour aller à l’université et les frais de soins médicaux en cas de maladies. Inutile de dire qu’ils n’ont plus la possibilité d’étudier.
« La bourse, pour nous ici, est une question de survie. Aujourd’hui, beaucoup parmi nous sont obligés de libérer leurs appartements pour être accueillis par d’autres qui ont encore la possibilité de payer. Ils sont entassés parfois entre 3 et 5 dans une chambre, et cela crée aussi de problèmes avec les bailleurs.
Certains n’ont plus de transport pour aller suivre les cours à l’université. Et nous sommes en période d’examens. Je me demande d’ailleurs comment certains passent ce mois de ramadan. Ils ont des problèmes de manager et certains sont malades, mais n’arrivent pas à trouver les frais de médicaments. Les hôpitaux coûtent très cher et les denrées alimentaires également, surtout avec la flambée des prix due à l’inflation », confie James Frédérick Foster, actuel président du Conseil consultatif de l’Association des stagiaires et étudiants guinéens au Maroc (ASEGUIM).
Depuis la rentrée universitaire en septembre 2022 jusqu’à date, aucun paiement n’a été effectué. Pour l’année académique 2021 – 2022, on apprend que 3 mois n’avaient pas été payés.
Les multiples démarches des étudiants auprès de la représentation diplomatique guinéenne au Maroc jusqu’au Service national des bourses extérieures (SNABE) n’ont pas été fructueuses.
« L’État guinéen est resté muet là-dessus. On a aucune information claire. Il y a moins d’un mois, nous nous sommes rendus à l’ambassade de la Guinée à Rabat. Une fois-là, on a adressé un courrier au Service national des bourses extérieures (SNABE) sous couvert de l’ambassade. Nous avions alerté les autorités à plusieurs reprises sur la situation, sans suite favorable et ça devient très difficile pour nous », regrette Foster.
L’augmentation de la bourse d’entretien annoncée par les autorités de Conakry avait suscité une lueur d’espoir chez les étudiants guinéens du côté du royaume chérifien. Malheureusement, ils n’en ont jamais tiré profit. « D’habitude, c’est chaque 3 mois qu’on nous donne une tranche. Le premier trimestre 200 dollars, le second 150 dollars et le troisième 650 dollars. Ce qui fait 1000 dollars. On a appris à travers un communiqué qu’il y a eu une augmentation de la bourse d’entretien, mais jusqu’à date, nous ne savons pas ce qu’il en est réellement », précise notre interlocuteur.
Une source auprès du SNABE nous a fait savoir que le problème serait au niveau de la Présidence. Ne sachant pas où se trouve le blocus, les étudiants guinéens au Maroc lancent un appel au ministère de l’Enseignement supérieur et au président de la transition de leur venir en aide. Ils souhaitent obtenir le paiement intégral des 8 mois de bourse pour cette année et les arriérées de 3 mois.