Ancien ministre de la justice sous le régime du Général Lansana Conté, et facilitateur du dialogue politique inter guinéen en 2016, monsieur Salifou Sylla a accordé un entretien à notre rédaction.
Une interview dans laquelle l’ancien garde des sceaux revient sur le récent accord politique obtenu le 08 août 2018 entre la mouvance et l’opposition. Mais également sur la mise en place du comité de pilotage en vue d’organiser le procès des événements doulereux du 28 septembre 2009.
Guinee360.com: Quelle analyse faites-vous de la situation politique de la Guinée?
Salifou Sylla: je dois dire que cette situation politique de la Guinée, me semble très preocuipante.
Ce qui me frappe en premier lieu, c’est tous ces mécanismes que l’on met en place, qui ne me semble pas aller vers le respect de la règle de droit. Une situation politique très confuse. Prenons avec les élections communales, qui ont eues lieu avec un énorme retard, qui se sont déroulées dans un processus qui ne me semble pas bon. Il y’a eu de problèmes pour l’organisation de ces élections, il y’a eu beaucoup d’irrégularités et de fraudes.
Des résultats qui devraient être publiés dans les 48h, mais on a attendu 17 jours pour connaître les premières tendances. Un véritable cafouillage, avec une CENI qui me semble peu crédible.Des résultats dont la coasi-totalite ont été confirmé par des magistrats qui ont manqué à leur devoir véritablement.
L’accord politique du 08 août 2018 ?
Si on respecte les règles électorales, on ne peut pas faire les élections en plus dire qu’il faut terminer par des accords. La principale plaie de la Guinée, ce qu’on ne respecte pas le droit à tous les niveaux.
La constitution comme les autres règles de droit, sont violées. J’entends dire que ces accords permettent d’aboutir à une paix, je réponds pour ma part, qu’au qu’une paix véritable, ne peut s’établir dans un pays , si elle repose sur la violation de nos règles de droit. La loi c’est le fondement d’un État. Hors nous sommes dans un pays où la structure étatique est profondément mise en mal.
Je me pose une question, Ils se sont entendus pour la répartition, j’ai l’impression des conseillers communaux, si on arrive à ce point, je veux qu’on suive un raisonnement que c’est parce qu’on est profondément conscient que les élections qu’on a organisé n’ont pas été transparentes.
Après la mis en place du comité de pilotage, est ce qu’aujourd’hui vous êtes optimiste quand à la tenue du procès des événements doulereux du 28 septembre 2009 ?
Je ne peut pas y croire. Je ne peux même pas croire qu’il y avait une bonne volonté s’organiser ce procès. Nous sommes en 2018, cette affaire s’est produite bientôt neuf ans. Une situation dans laquelle on a pas besoin d’enquêtes approfondies.
Ce qui a été fait le 28 septembre s’est fait devant tout le monde. On connaît ceux qui étaient là. Comment se fait-il, que depuis lors ce procès traîne. Voila encore cette histoire de comité de pilotage, auquel s’associe même les puissances étrangères, qui n’auraient jamais accepter de telles chose dans leur pays.
C’est un problème qui doit être jugé devant la loi. Soit nos tribunaux sont compétents, où y’a un mécanisme de substitution qui est la Cour pénal international.
Vous pensez comme l’ancien président de la transition Sekouba Konaté que nos tribunaux sont incompétes et qu’il faut transférer le dossier à la Cour Pénal ?
Si nous sommes incapables de régler nos problèmes, si nous n’avons pas une justice vigoureuse qui est capable de trancher. Déjà y’a des inculpés qui continuent d’occuper des fonctions très importantes dans le pays. Si on voulait vraiment rendre justice, le dossier n’allait pas trainer pendant neuf ans avec des gens que nous connaissons tous.