Dans cette interview, le président du Conseil national des organisations de la Société civile pour la démocratie et le développement de la Guinée (Cnosc-ddg) parle du chronogramme électoral des législatives. M. Salmane Diallo reproche aux députés notamment au chef de file de l’opposition d’être en partie responsables du glissement du calendrier électoral. Il préfère ne pas encore rentrer dans le débat sur la Constitution parce que, dit-il, le président de la République n’a pas encore officiellement annoncé vouloir la modifier. Il s’est aussi prononcé sur l’adoption de loi sur la parité et le nouveau Code civil.
Guinee360.com: Vous avez pris part à la retraite organisée par la Ceni à Kindia sur le chronogramme électoral des législatives. Quels ont été les résultats?
Salmane Diallo: c’est la première fois que la Ceni a réussi à réunir tous les acteurs politiques, sociaux et les partenaires techniques et financiers ainsi que les institutions républicaines: la Haute autorité de la communication, l’Assemblée nationale, le Conseil économique social, etc. l’atelier portait essentiellement sur le chronogramme des élections législatives. Au Cnosc-ddg, nous avons constaté la volonté de la Ceni d’organiser les élections, mais nous regrettons aussi les contraintes techniques, logistiques et financières de les tenir en 2019. Pour mettre en œuvre les 140 activités du chronogramme, la Ceni a proposé un délai de 235 jours jusqu’au jour du scrutin. Mais le processus électoral dans sa globalité c’est 383 jours en prenant en compte la période pré-électorale, électorale et postélectorale.
Cela veut dire que les législatives ne pourront avoir lieu cette année?
Une fois encore, tous les députés sont venus des partis politiques. Ils peuvent décider immédiatement de quitter l’Assemblée et se retourner au sein de leurs partis politiques pour mettre pression sur le gouvernement en collaboration avec la Société civile pour exiger les élections cette année. Mais
Voulez-vous dire qu’en acceptant de siéger, les députés sont en partie responsables du glissement du calendrier électoral?
Je suis déçu de voir le chef de file de l’opposition accepter d’être député périmé. A sa place, je n’allais pas accepter de siéger après l’expiration du mandat de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi, j’ai apprécié la décision de Dr Ousmane Kaba qui a refusé de siéger. Les députés devraient tous refuser de siéger et réclamer avec pression l’organisation des élections législatives à date. C’est parce qu’ils avaient l’intention de continuer à siéger au parlement après l’expiration de leur mandat qu’ils ont fouillé jusqu’à sortir un article qui autorise le chef de l’Etat à prendre un décret pour prolonger leur mandat. La conséquence immédiate, c’est le glissement du calendrier électoral.
A votre avis que doivent-ils faire maintenant-là?
Ils doivent organiser une plénière uniquement sur les élections législatives en tenant compte que leur mandat n’est plus légitime. S’ils trouvent que le budget prévisionnel est suffisant qu’il l’adopte à l’immédiat avant la fin de la session des lois en cours. Après cela, il faudra qu’ils exigent que le ministère du Budget facilite le décaissement de fonds alloués pour permettre à la Ceni d’organiser les élections.
On voit bien qu’il devient presqu’impossible de tenir les législatives cette année. Dans ce cas, n’est pas le bon moment de penser à un couplage avec la présidentiel de 2020?
La position du Cnosc-ddg c’est de faire de plaidoyer pour qu’il y ait les élections législatives en 2019. A mon avis, il ne faudrait même avancer l’idée d’un couplage en 2020.
Quelle est votre position sur la Constitution?
Pour le moment, au Cnosc-ddg, on s’est convenu en assemblée hier, samedi 11 mai 2019 de ne pas parler de la Constitution. On attend d’avoir des preuves avant de rentrer dans ce débat. Le moment venu, on fera connaitre notre position. L’actualité c’est l’expiration du mandat de l’Assemblée nationale. Nous voulons que les législatives se tiennent cette année pour qu’on puisse avoir les présidentielles en 2020.
Alpha Condé a dit que c’est au peuple de décider. Et on voit bien des commis de l’Etat qui expriment ouvertement leur volonté d’élaborer une nouvelle Constitution. Cela ne suffit-il pas pour vous formaliser sur cette question?
Nous sommes en train d’examiner la situation sur le terrain. Il faut amener tous les élus de la base au sommet de respecter le nombre et la durée de leur mandat tel que c’est stipulait par la loi. C’est la valable pour les chefs des quartiers, les députés et le président de la République. Ce qui peut nous permettre de barrer la route à toute velléité de modification constitutionnelle, c’est d’abord, les députés, eux-mêmes, qui doivent accepter que leur mandat soit terminé. C’est pourquoi, j’exprimais tantôt ma surprise de voir le chef de file de l’opposition accepter d’être un député périmé. C’est très grave. Je leur demande tous de quitter l’Assemblée pour qu’on puisse travailler ensemble à exiger que les élections soient tenues.
L’Assemblée nationale a adopté le nouveau Code civil et la Loi sur la parité. Quel est votre avis?
En ce qui concerne la parité homme-femme, nous apprécions. Au Cnosc-ddg cela a toujours été notre crédo. De fois, c’est les femmes qui se marginalisent. Par exemple, feu Dr Thierno Maadjou Sow, paix à son âme, m’avait un jour appelé pour un atelier sur les droits de l’homme. Il m’avait demandé d’envoyer 4 personnes dont deux hommes et deux femmes et moi. J’avais prévenu les personnes conformément à la consigne. Mais, le jour de l’atelier, une des femmes s’était fait représentée par un jeune homme. Les femmes sont trop chargées et ne sont pas disponibles surtout les mères. J’ai toujours demandé et œuvré pour l’implication des femmes dans les instances du Cnosc-ddg, mais c’est très difficile. Mais concernant la polygamie, les députés doivent se méfier de voter des lois inapplicables sur le terrain, sans tenir les réalités sociales et culturelles du pays. Dans un pays où on dit que les femmes sont plus nombreuses que les hommes, il est très difficile d’appliquer la monogamie. Les autres femmes comment on va les gérer? Même si la Guinée est un pays laïc, mais la majorité est musulmane.