La pose de la première poutre du chemin de fer de la Compagnie TransGuinéen a eu lieu, mardi 12 mars 2024, dans la commune rurale de Kamalayah, sous-préfecture de Moussayah relevant de la préfecture de Forécariah. La cérémonie a été présidée par le général Mamadi Doumbouya, président de la transition.
À travers ce projet gigantesque, les partenaires industriels de la Guinée, notamment WCS, Simfer Rio Tinto, prévoient d’investir environ 20 milliards de dollars pour la construction des mines, des infrastructures ferroviaires et portuaires qui seront la propriété de la Compagnie du Transguinéen (CTG).
Les données techniques du chemin de fer sont les suivantes : une ligne principale et une ligne de connexion. La principale quitte la mine du WCS à Kerouane jusqu’au port du Moribaya, et celle de connexion quitte la mine de Rio Tinto dans la préfecture de Beyla pour se connecter à la ligne principale.
La longueur de la ligne principale est de 552 km, environ 15 gares, 170 ponts avec une longueur totale de 69,93 km. La longueur totale des tunnels est de 27,33 km, le tunnel le plus long faisant environ 11 700 mètres, soit environ 12 km, ce qui en fait “le plus long tunnel en Afrique”.
La ligne de connexion mesure quant à elle 73 km, ce qui porte le total à 625 km.
La réalisation de ce chemin de fer prendra fin en 2025. L’État détient une participation non contributive de 15% dans la CTG. Conformément aux accords, après l’atteinte de la pleine capacité de production des mines, les infrastructures de la CTG pourront évacuer 120 millions de tonnes par an pendant la première phase et 160 millions de tonnes pendant la seconde. Elles transporteront également des passagers et des marchandises, avec possibilité d’accès des tiers miniers situés le long du corridor. Les infrastructures du projet Simandou relieront les quatre régions naturelles de la Guinée pour connecter le pays non seulement avec lui-même, mais aussi avec l’Afrique et le monde.
Dans son discours, le président du conseil d’administration de la CTG, Bouna Sylla, a estimé qu’il ne suffit pas que le projet Simandou soit simplement le plus grand projet d’infrastructure dans le monde, mais que “nous devons nous assurer qu’il devient le catalyseur d’une transformation complète de l’économie nationale”, en prenant en compte les attentes de toutes les parties prenantes. C’est pourquoi avant la fin de la construction, l’État et ses partenaires industriels travaillent sur d’autres initiatives relatives au développement économique régional, pour que le corridor du chemin de fer Simandou soit non seulement un point de passage, mais aussi et surtout l’un des principaux hubs économiques et logistiques de la sous-région. À ce jour, la construction des infrastructures est entre 35 et 45% achevée.
Pour le directeur général du Winning Consortium Simandou Railway (WCSR), Zhang Cheng, cette pose de la première poutre constitue un jalon important dans la construction du chemin de fer. “Cela signifie la transition immédiate des travaux sur des rails. En d’autres termes, cela représente un grand pas en avant dans la construction d’une infrastructure ferroviaire. À cette occasion, Winning Consortium continuera à suivre régulièrement les travaux de construction. Et ce chemin de fer sera essentiel dans le développement du transport national, de la formation mais aussi de la croissance économique. Nous continuerons à travailler sans relâche pour le développement de la Guinée et pour participer efficacement à toutes les étapes de la construction de ce chemin de fer. C’est pourquoi nous travaillerons avec tous les partenaires et l’État guinéen”.
Le 1er mai 2023, les autorités guinéennes avaient également procédé à l’inauguration du Pont Kabus, l’une des premières infrastructures majeures du projet Simandou. Pour le ministre directeur de cabinet de la présidence, procéder à la pose de la première poutre de cette infrastructure témoigne de l’engagement des partenaires industriels, de l’engagement des membres du comité stratégique mais également des hauts cadres qui accompagnent le projet pour la réussite.
“Simandou est le plus grand projet au monde en 2024, mais les instructions fermes que nous avons reçues indiquent que nous avons le plus beau projet au monde, mais l’un des enjeux stratégiques et défis pour nous est de garantir l’impact sur la population, sur nos concitoyens. Le projet Simandou est un projet à quatre composantes, il est important de le rappeler. Nous avons certes des mines, il y a le port, il y a les rails, il y a également la transformation locale de l’acier sur place. Il a aussi deux phases, la première consiste à la réalisation d’infrastructures, la seconde c’est la phase d’exploitation. Dans cette phase, ce sont surtout les enjeux stratégiques et de gouvernance…”, explique Djiba Diakité.
Le président du conseil d’administration de Rio Tinto Simfer, qui en est à sa première visite sur le sol guinéen, a été émerveillé par les réalisations de cette autre filiale du projet Simandou. Dominic Barton réitère la ferme volonté de Rio Tinto de collaborer avec des entreprises guinéennes dans le cadre de la réalisation du projet Simandou. Il ajoute aussi que le chemin de fer Transguinéen incarne un pas vers l’avenir. Pour lui, l’infrastructure va au-delà de sa simple fonction logistique. Elle agit comme un catalyseur de rêves reliant les individus les uns aux autres pour façonner leur avenir où les opportunités sont accessibles à tous.
Ce chemin de fer reliera aussi le district de Kamalaya au district de Sengelen, mais aussi la préfecture de Forécariah et les autres localités traversées jusqu’au mont Simandou, Beyla. Le préfet de Forécariah, Mohamed 5 Camara, promet de prendre soin de l’édifice en construction. “L’émotion est grande et la joie est immense car le rêve devient une réalisation. Au nom de ma population, je prends l’engagement de sauvegarder cette infrastructure dans l’intérêt supérieur de la Nation”.