Le quartier Wanindara situé dans la commune de Ratoma, vie toujours au rythme des violences enregistrées suite à la mort d’un policier sur place.
Deux (2) semaines après l’assassinat de cet agent, les habitants de ce quartier disent désormais craindre pour leur sécurité.
La zone est complètement assiégée par les agents des forces de l’ordre, les citoyens terrés dans leurs domiciles et privés de leur liberté de mouvement.
Rencontrés par notre rédaction, ces populations qui dénoncent cette situation accusent les forces de sécurité de commettre nuitamment des exactions sur des pauvres gens.
« Cette situation nous préoccupe, parce que ça nous prive notre liberté de se mouvoir. Parfois surtout la nuit tu ne peux pas sortir de chez toi même pour aller acheter un petit pain ou aller chez un voisin, parce que les policiers peuvent rentrer dans le quartier à n’importe quel moment. La dernière fois ils sont venus chez nous ici, ils ont défoncés les portes, heureusement il n’ y avait personne dans la maison à part une fille, mais ils ont emporté beaucoup de biens, des ventilateurs et même les chaises ils n’ont pas laissé», témoigne Thierno Oumar Bah la trentaine.
Cette situation a aussi eu un impact négatif sur les activités économiques qui, depuis deux semaines sont à l’arrêt dans la zone.
Des boutiques et magasins qui se trouvent au niveau du carrefour marché l’endroit où un policier aurait été tué sont fermés, les propriétaires empêchés d’y accéder, a ajouté notre interlocuteur.
« Il y a des gens ici qui ont leur boutiques, ils ne travaillent pas, ça affecte leur activité, ils ont des familles à nourrir et ils vont payer la location».
Selon un communiqué du gouvernement à travers le ministère de la sécurité, un policier aurait été tué par des assaillants qui étaient sur une moto.
Même si tel est le cas, c’est aux autorités de retrouver les coupables, au-lieu de «terroriser» des pauvres citoyens, estime cet autre citoyen qui, depuis le début de cette crise sort difficilement le matin pour aller à son lieu de travail et revenir le soir.
« Nous sommes préoccupés, on a la peur au ventre. Parce que quand on sort le matin on ne sait pas ce qui nous attend en rentrant le soir et c’est vraiment stressant», raconte Mahmoudou Barry.
Selon les témoignages, plusieurs arrestations ont été enregistrées côté population. La nuit, des pick-ups de la police et de la gendarmerie sillonnent le quartier et des tirs à balles réelles retentissent par fois toute la nuit.
« Depuis la mort de ce policier, on entend des tirs la nuit, personnellement j’ai été poursuivi par des policiers au moment où je quittais chez un ami, j’étais sur ma moto. J’ai entendu l’un d’entre eux dire venez on a eu une opportunité mais je ne sais pas qu’est-ce que ça veut dire (…)», dénonce Mahmoudou Barry, qui affirme être beaucoup plus en sécurité avec les bandits qu’avec les hommes en tenue militaire.
« Si c’est comme ça moi je préfère qu’ils ne viennent pas ici pour dire c’est pour assurer notre sécurité. Parce que je me sens en sécurité qu’avec eux. Moi je préfère qu’ils ne soient pas mêlés de la sécurité de notre quartier c’est mieux», souligne t-il
Lors d’une visite de terrain à Wanindara suite à la mort de ce policier, le patron de la police a annoncé un dispositif pour un ratissage dans l’ensemble des quartiers de la Commune de Ratoma.
Comme si cela ne suffisait pas, général Bafoué envisage de renforcer le dispositif annoncé. Une situation qui a contraint beaucoup de jeunes à quitter le quartier, nous a confié Kindy Sow.
« Aujourd’hui beaucoup de jeunes ont quitté le quartier parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité. Même ceux qui sont là quand tu sors tu es obligé de rentrer avant 18 heures. Toutes les routes qui mènent dans le quartier sont barrées», explique t-il
Ce n’est pas la première fois que des violences sont enregistrées à Wanindara, occasionnant des morts et des arrestations. Mais cette fois-ci, les forces de sécurité ont trouvé une autre méthode d’interpellation.
«Cette fois-ci, ils rentrent à tout moment. J’ai même appris que des policiers viennent taper la porte des gens, faire comme si c’est un ami, ils te demandent d’ouvrir dès que tu ouvres ils rentrent, ils te prennent ils t’envoient, ta famille est obligée de payer beaucoup d’argent pour que tu sois libéré, maintenant c’est comme ça ils font», déplore t-il
A Wanindara, les populations disent ne pas comprendre la manière par laquelle ce dossier lié à l’assassinat de ce policier a été traité par les autorités.
Cependant, ils invitent le gouvernement guinéen à travers le département de la sécurité et de la protection civile, d’assurer leur sécurité et de leur bien.
Par ailleurs, ils estiment que même s’il y a eu mort d’homme de quelque nature qu’elle soit c’est aux gouvernants d’ouvrir des enquêtes afin de faire la lumière sur le dossier.