Le chef de la junte au pouvoir en Guinée a interdit à tous les membres du gouvernement de quitter le pays jusqu’au 31 décembre 2024, tout en demandant à ceux actuellement en mission de rentrer dans les plus brefs délais. Cette décision a provoqué des réactions au sein de la classe politique.
Pour Rafiou Sow, leader du Parti du Renouveau et du Progrès (PRP) et membre des Forces vives, cette mesure s’inscrit dans une stratégie visant à préparer le terrain pour une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya aux prochaines élections.
« Il n’y a pas assez d’argent, pas assez de ressources. Il est donc nécessaire de protéger ces revenus et d’empêcher les ministres de sortir du pays afin de clôturer l’année. Les prêts contractés auprès des banques ou des sociétés minières ne produiront probablement aucun effet avant l’année prochaine. Cette décision est donc un moyen de gérer les finances de l’État. Depuis le retour de Mamadi Doumbouya de Chine, nous voyons les ministres et les partisans du CNRD mener une campagne à travers le pays pour promouvoir une potentielle candidature de Doumbouya. Cette interdiction vise simplement à les maintenir sur place pour utiliser ces ressources dans cet objectif. En d’autres termes, il s’agit d’une tentative de faire passer cela pour une nécessité de rationalisation des finances publiques. En réalité, cela sert simplement ses intérêts, afin que ses ministres mènent cette campagne en son nom », a déclaré M. Sow.
Poursuivant, il a ajouté : « Ces ministres voyagent avec des ordres de mission et séjournent dans des hôtels de luxe où tout est coûteux, ce qui entraîne des dépenses importantes alors que la junte reconnaît elle-même le manque de ressources. Actuellement, entre 4 et 6 ministres sont à l’étranger, tous aux frais de l’État. C’est extrêmement grave, car ils partent souvent pour des affaires personnelles. Certains pourraient même en profiter pour dissimuler de l’argent ou d’autres biens à l’étranger. »