Le président du parti Alliance Démocratique pour le Renouveau (ADR) s’est prononcé ce jeudi, 9 avril 2020, sur le dernier développement de la situation sociopolitique du pays.
Dans cet entretien, l’opposant porte son regard croisé sur le plan de riposte contre le Coronavirus annoncé par le gouvernement guinéen.
Alpha Oumar Taran Diallo, s’exprime par la même occasion, sur la promulgation de la nouvelle constitution du 22 mars dernier et la menace de manifester du front national pour la défense de la constitution.
Guinée360: Quelle analyse faites-vous de le plan de riposte au Covid-19 annoncé par le PM Kassory Fofana ?
Alpha Oumar Taran Diallo : Nous sommes non seulement inquiet par rapport à la dangerosité de la maladie, mais aussi par la façon dont nos autorités sont en train de gérer cette situation de crise sanitaire. Surtout le fait que le gouvernement ne se préoccupe pas des difficultés que rencontrent la population. C’est cela aussi notre inquiétude.
Vous avez suivi le Premier Ministre qui a annoncé plusieurs mesures, notamment, la prise en charge des factures d’eau et d’électricité, et la gratuité de transport dans les minibus et dans le train Conakry-Express ?
Offrir quelque chose qui n’existe pas, c’est pas difficile. La réalité est que c’est des propositions utopiques et irréalistes. Le train ne circule pas depuis septembre 2019, les bus n’existent presque pas. Et mieux, en cette période où on demande de réduire les regroupements, comment est-ce qu’on peut offrir la gratuité de transport ? Offrir cette gratuité là, c’est encourager la mobilité, c’est encourager les gens à faire des déplacements alors que dans les autres pays on recommende le confinement et à réduire les mouvements ? De l’autre côté, l’eau et l’électricité n’existent pas dans notre pays, dans les quartiers les citoyens s’approvisionnent grâce à des personnes de bonne volonté qui ont des forages. La seule mesure que le gouvernement aurait dû prendre et qui aurait eu un impact chez tout le monde, c’est de diminuer de façon significative le prix du carburant à la pompe. Baisser le prix du carburant aurait dû impacter de façon positive la vie des citoyens pendant cette crise. Parce que le transport conditionne tout. Et au-delà, ils auraient pu exhonorer les taxes pour ce qui est des denrées de première nécessité pour permettre aux gens soit de bénéficier une baisse des prix ou au moins maintenir les prix au niveau où on est.
Vous avez dit à l’entame que vous êtes inquiet par rapport à la gestion de la pandemie en Guinée. Concrètement, qu’est-ce qui vous inquiéte ?
Vous savez c’est pas une maladie qui se propage au niveau interne. La contamination est venue de l’étranger. On aurait pu empêcher cela. Même si on l’empêche pas catégoriquement mais on aurait pu limiter sa propagation de cette façon. Mais les autorités, au-lieu de confiner les suspects qui arrivent, ils ont plutôt retiré les passeports et ils ont confiné ces passeports, alors que ce n’est pas les passeports qui sont contagieux. Et nous savons tous qu’on peut circuler librement dans notre pays sans présenter aucun document officiellement. Avec la corruption qui est là chacun peut se mouvoir librement. Donc, c’est cette gestion maladroite et laxiste qui a fait que le pays est touché aujourd’hui de plein fouet de la maladie.
Le président de la République a promulgué cette semaine la nouvelle constitution issue du référendum du 22 mars dernier. Vous n’avez pas pris part à ces élections , parce que vous êtes un des opposants à cette nouvelle constitution. Mais tout de même vous avez votre regard là dessus ?
Pour nous, c’est la tragédie du comédie qui continue toujours. Le gouvernement avec à la tête le président Alpha Condé, méprise toujours sa population. Ça prouve que c’est pas la préoccupation du moment qui les préoccupe. Si non, à cette phase de pandemie, c’est l’urgence sanitaire qui devait préoccuper le gouvernement. C’est de faire en sorte que la population ressente moins les effets négatifs de la crise sanitaire, que de nous proposer une nouvelle constitution qui ne nous sorte pas de cette situation.
De son côté, le FNDC qui dit ne pas reconnaître cette nouvelle constitution, menace de reprendre ses manifestations de rue. Votre réaction ?
C’est tout à fait logique de ne pas reconnaître cette nouvelle constitution et les institutions qui seront issues de cette constitution. Mais je pense que, nous devons tous pour le moment nous préoccuper de cette situation de crise sanitaire liée au nouveau Coronavirus. Éviter tout ce qui pourrait faciliter la propagation de cette maladie. Parce que nous savons tous que nous avons un système sanitaire très fragile et nous avons des populations vulnérables. Donc, il faut éviter toute attitude qui pourrait exacerber l’exposition de nos citoyens vis-à-vis de la maladie.