Selon un rapport de l’Ong Médecins sans frontières (Msf), la Guinée a enregistré une augmentation de 7% des décès en lien avec le VIH entre 2010 et 2016, alors que pendant la même période, ils ont diminué de 27% dans la sous-région et de 37% dans le reste de l’Afrique.
Dans son rapport, l’Ong médicale humanitaire Médecins sans frontières (Msf) démontre que la Guinée est très en retard dans la lutte contre le VIH par rapport aux autres pays d’Afrique de l’ouest et au reste du continent. Conséquence. Entre 2010 et 2016, le nombre de nouveaux cas du VIH dans le pays n’a diminué que de 5% alors que la région de l’Afrique de l’Ouest et Centrale enregistrait une baisse de 12%. Dans le reste de l’Afrique subsaharienne la baisse était même de 26%. Durant cette même période, les décès en lien avec le VIH ont augmenté de 7% en Guinée alors qu’ils ont diminué de 27% dans la région et de 37% dans le reste de l’Afrique.
Alors que la maladie est déjà traitable depuis plusieurs années, Msf estime qu’en 2018, 4400 personnes sont décédées des suites du VIH en Guinée, soit en moyenne un décès toutes les heures.
Face à la situation, la coordinatrice du projet VIH de MSF à Conakry, Dr Christine Bimansha alerte sur les lacunes de la riposte contre la maladie. «La chaîne d’approvisionnement en médicaments essentiels est extrêmement faible entraînant des ruptures parfois sévères dans de nombreux centres du pays. Les tests de charge virale ne sont souvent pas disponibles et les services de prévention de la transmission de la mère à l’enfant restent un défi majeur. Le fait que MSF ait à traiter chaque jour des patients en stade avancé de la maladie reflète l’ampleur de ces lacunes», alerte-t-elle au cours d’une conférence de presse ce mardi 8 octobre 2019.
Méconnaissance de la maladie
Parmi les obstacles à la lutte contre le VIH en Guinée, souligne Dr Bimansha, il y a la grande méconnaissance de la maladie et la stigmatisation culturelle qui freinent pour le dépistage, le démarrage et l’adhérence au traitement. «Beaucoup de personnes vivant avec le VIH dans le pays ne connaissent pas encore leur statut et sont en réalité à mettre sous traitement. (…) Améliorer le travail d’information, de prévention, de dépistage, mais aussi l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH s’impose urgemment», explique-t-il tout en déplorant l’insuffisance des fonds disponibles pour relever ces défis.
Plaidoyer
Le financement des programmes VIH est particulièrement problématique en Guinée d’autant plus qu’elle dépend fortement de l’extérieur tandis que les bailleurs se font rares et que la majorité des acteurs impliqués dans la réponse au VIH sont tributaires de l’aide financière du Fonds mondial, unique grand donateur du pays.
C’est dans ce contexte, l’organisation médicale humanitaire, Msf, interpelle sur la situation en Guinée à la veille de la conférence des donateurs du Fonds Mondial contre le VIH, la tuberculose et la malaria du 9 au 10 octobre 2019 à Lyon, destinée à mobiliser financement pour lutter contre ces maladies pour les 3 prochaines années.
«Par Conséquent, l’avenir du pays, dans ce domaine, dépend fortement des montants qui seront alloués cette semaine au Fonds mondial et de la décision d’allocation du Fonds Mondial à la Guinée qui interviendra en décembre prochain. (…) Il est illusoire de penser que la Guinée est en mesure d’augmenter, à court terme, ses financements publics pour répondre aux lacunes actuelles. Le Fonds Mondial doit donc impérativement être en mesure de renforcer son appui, et d’autres bailleurs devraient venir appuyer cette lutte dans le pays», explique Arnaud Badinier, chef de mission de Msf basé à Conakry.
Si les efforts nécessaires de tous les acteurs de la lutte contre la maladie ne sont pas mobilisés, prévient le chef de mission, il ne sera pas possible d’accélérer la riposte dans le pays alors que moins de la moitié des patients ont aujourd’hui accès au traitement. Avec un grand risque de recul par rapport à la situation actuelle. «Toute baisse de financements aura inévitablement un impact désastreux. Msf appelle donc les donateurs et notamment ceux alimentant l’enveloppe du Fonds Mondial cette semaine à faire preuve d’ambition dans leurs engagements financiers afin d’enrayer l’épidémie de VIH dans le pays et permettre ainsi à des milliers de personnes de mener une vie décente», conclut Arnaud Badinier.