Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi 4 juin 2025 à Conakry, le Premier ministre, Bah Oury, s’est exprimé sur la pénurie de ciment qui affecte actuellement le pays. Loin d’y voir un simple dysfonctionnement, le chef du gouvernement y perçoit un signe des transformations profondes à l’œuvre dans l’économie nationale.
«Moi, je dois dire que d’un côté, c’est vrai, cette pénurie momentanée et conjoncturelle, je l’espère bien, est un indicateur que ce qui arrive à la Guinée a surpris beaucoup d’investisseurs, d’hommes et de femmes du monde du travail », a-t-il déclaré.
Selon Bah Oury, la hausse de la demande en ciment révèle une dynamique économique nouvelle à laquelle les capacités de production actuelles n’ont pas su répondre. « Les besoins ont été sous-estimés. Nous avons peut-être encore un regard tourné vers le rétroviseur et non pas un regard vers l’avant », a-t-il regretté, soulignant la nécessité d’anticiper davantage les besoins futurs.
Le Premier ministre a mis en avant les performances économiques récentes pour justifier cette pression sur l’offre. « Il faut savoir que l’économie de ce pays est en train de se transformer en profondeur. Près de 7% de taux de croissance pour 2024. Une croissance à deux chiffres pour l’année prochaine. Si cette année, nous n’atteignons pas les deux chiffres, en 2026, nous serons à deux chiffres », a-t-il assuré, évoquant également un taux d’inflation maîtrisé autour de 3 % et un endettement « relativement modéré » par rapport aux pays de la sous-région.
Face à cette nouvelle donne, Bah Oury appelle les industriels à investir pour suivre le rythme de la transformation économique. « Il faut que les gens se rendent compte que nous sommes dans une phase d’accélération du développement économique de la Guinée avec des nouveaux besoins qu’il faudra satisfaire », a-t-il insisté.
«D’où la nécessité pour des industriels déjà installés d’investir pour développer de nouvelles capacités de production. Et s’ils n’y parviennent pas, il va de soi que d’autres unités industrielles dans le même secteur vont émerger ».
Pour le Premier ministre, cette crise passagère est le reflet d’un pays en pleine mutation. « Nous sommes dans une situation qui est une vision positive du processus de changement qui est en train de s’inscrire dans la durée », a-t-il affirmé.