La vaginose bactérienne est une pathologie qui touche plusieurs femmes de nos jours. Cette infection se caractérise par une sécrétion vaginale des fluides, grisâtres ou blanches, pouvant être abondantes et ayant une odeur de poisson. Afin d’en savoir plus sur cette pathologie, nous avons interrogé Dr MoSidi Fofana, MD-MPH Gynécologue médical spécialisé en sciences de la sexualité et relations interpersonnelles, reproduction humaine assistée, médecine esthétique et réparatrice génitale, Praticien-chercheur à l’Hôpital Femme Mère et Enfant de Bron-Lyon.
Guinée360 : Qu’est-ce qu’une vaginose bactérienne ?
Docteur MoSidi FOFANA : La vaginose bactérienne (VB) est une infection vaginale qui survient lorsque l’équilibre des bactéries vaginales est rompu. Ce déséquilibre se caractérise, d’une part, par une diminution du nombre de “bonnes bactéries” telles que les bacilles ou la flore vaginale de Doderlein (les lactobacilles) ou par une augmentation relative du nombre de “mauvaises bactéries” (Gardnerella, Peptostreptococcus, Provetella, des germes divers responsables d’infections sexuellement transmissibles…), d’autre part.
La vaginose bactérienne est plus fréquente chez les femmes ayant une ou des infections sexuellement transmissibles ou utilisant un dispositif intra-utérin (DIU). Elle provoque des sécrétions fluides, grisâtres ou blanches, qui peuvent être abondantes et avoir une odeur de poisson.
Quels sont les symptômes de la vaginose bactérienne (VB)?
La VB n’entraîne aucun symptôme dans la moitié des cas, mais dans le cadre d’une vaginose bactérienne expressive, les pertes vaginales peuvent être blanches ou grises, légères ou abondantes. Généralement, elles ont une odeur de poisson. L’odeur peut s’accentuer après des rapports sexuels et lors des règles. Les démangeaisons, l’érythème (rougeur de la muqueuse vaginale) et un gonflement sont rares. On estime la prévalence de la vaginose bactérienne à environ 10%. Cette prévalence peut aller jusqu’à 30% chez les femmes enceintes. Si elle est contractée pendant la grossesse, cette infection peut entraîner une naissance prématurée de l’enfant.
Est-ce que la vaginose bactérienne est grave ?
La vaginose bactérienne peut provoquer de graves complications, telles qu’une maladie pelvienne inflammatoire et, comme nous venons de le souligner précédemment, chez la femme enceinte, une infection des membranes qui entourent le fœtus (infection intra-amniotique), un travail et un accouchement prématurés, et des infections de l’utérus après l’accouchement ou après un avortement.
Comment attrape-t-on une vaginose bactérienne ?
La vaginose bactérienne est plus fréquente chez les femmes présentant les caractéristiques suivantes :
Les rapports sexuels non protégés ;
Plusieurs partenaires sexuels ;
Utilisation d’un dispositif intra-utérin (DIU) ;
Celles qui pratiquent des toilettes ou douches vaginales rigoureuses et/ou qui pratiquent une automédication par usage périodique ou abusif d’antibiotiques et/ou d’antiseptiques.
Est-ce qu’avoir plusieurs partenaires sexuels peut entraîner la vaginose bactérienne ?
Oui, la vaginose bactérienne est plus fréquente chez les femmes qui ont une infection sexuellement transmissible ou qui ont plusieurs partenaires sexuels. C’est par cette voie que se transmettent les mauvaises bactéries qui viennent coloniser le vagin lorsqu’en même temps d’autres facteurs de risque sont présents (douches vaginales, automédication…). Autrement dit, la vaginose affecte les femmes ayant des partenaires sexuels multiples. À chaque rapport différent, les muqueuses vaginales s’adaptent aux bactéries du partenaire et se renouvellent, ce qui peut conduire à favoriser la formation d’une infection. Le sperme très alcalin modifie le pH du vagin. L’acidité vaginale se situe autour de 4 à 4,5. Si le pH augmente, le vagin devient plus vulnérable et plus sensible aux bactéries. En raison d’une défaillance de la flore, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont des conditions propices au développement de la gardnerella vaginalis, bactérie responsable de la vaginose lorsqu’elle est perturbée. Le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH), l’herpès simplex, la chlamydia et la gonorrhée sont également des causes.
Le DIU perturbe également les sécrétions naturelles et le pH du vagin. Une étude canadienne de février 2012 montre que sur 70 femmes ayant reçu un stérilet, 7 ont développé une vaginose bactérienne.
Les rapports homosexuels entre femmes entraînent la transmission de cette affection lorsque l’une des partenaires est affectée. La vaginose peut également toucher les jeunes filles et les femmes vierges présentant une carence en œstrogènes. Le microbiote vaginal étant lié de près aux taux d’hormones.
L’excès d’hygiène et de douches vaginales provoque une destruction progressive des bactéries positives du vagin et favorise l’apparition d’infections comme la vaginose, la cystite ou la vaginite.
Pourquoi fait-on des vaginoses à répétition ?
La vaginose bactérienne est une infection qui a tendance à réapparaître. Pour contrer cette vilaine tendance, certaines mesures sont à privilégier. Évitez les irritants, tels que les douches ou poudres vaginales. Choisissez plutôt un nettoyant doux dont le pH est adapté à celui du vagin.
La vaginose bactérienne récidive tant que les facteurs et les causes de son apparition sont maintenus autour de la patiente. La maladie se transmet par voie sexuelle et elle est favorisée lorsque les bonnes bactéries n’arrivent plus à combattre ou à protéger le vagin contre les agressions venant de l’extérieur. La vaginose bactérienne est ainsi causée par la prolifération de micro-organismes tels que Gardnerella vaginalis ou Prevotella. Cette prolifération se fait au détriment des lactobacilles, qui ont pour rôle de maintenir l’acidité du vagin. Cela provoque une augmentation du pH (supérieur à 5 alors qu’il est normalement de 4,5).
Comment savoir si on a une vaginose bactérienne ?
Une vaginose bactérienne est évoquée par la présence de sécrétions fluides, grisâtres ou blanches, qui peuvent être abondantes et avoir une odeur de poisson. Ces odeurs sont exacerbées pendant les règles et les rapports sexuels pénétrants, lorsque le sperme se mélange avec le liquide vaginal. L’inflammation locale du vagin et les démangeaisons sont rares mais possibles.
Comment prévenir la vaginose bactérienne ?
Les mesures de prévention contre la vaginose bactérienne sont les mêmes que pour la mycose vaginale : avoir une bonne hygiène intime, utiliser des savons au pH neutre non parfumés pour la toilette intime, éviter les douches vaginales ou les déodorants vaginaux. Préférez les dessous en coton et évitez de prendre des antibiotiques sans prescription médicale, dont les doses et la durée de traitement doivent être respectées à la lettre. Les infections ou maladies sexuellement transmissibles sont à éviter en restant fidèle à son partenaire ou en utilisant des préservatifs et d’autres mesures de protection.
Comment traiter les vaginoses bactériennes ?
Des antibiotiques sous forme de comprimés, de gels ou de crèmes sont prescrits en cas de vaginose bactérienne. Le plus utilisé est le métronidazole, suivi de la clindamycine. Le métronidazole par voie orale pendant 7 jours constitue le traitement de choix pour les femmes qui ne sont pas enceintes. Cependant, il peut avoir des effets secondaires pour l’organisme. Les médecins préfèrent donc administrer aux femmes enceintes le métronidazole sous forme de gel vaginal ou de crème vaginale. Les femmes qui utilisent une crème à base de clindamycine ne peuvent pas utiliser de produits en latex (préservatifs ou diaphragmes) comme méthode contraceptive, car le médicament altère le latex. L’antibiotique secnidazole constitue un autre traitement possible. Il présente l’avantage de ne nécessiter qu’une seule dose.
Lorsqu’elle est traitée, la vaginose bactérienne disparaît généralement en quelques jours, mais les récidives sont fréquentes. En cas de rechutes fréquentes, il est recommandé de prendre des antibiotiques après un antibiogramme sur une période prolongée et de bien suivre les consignes d’hygiène recommandées.
Actuellement, cette affection se traite par voie orale ou vaginale. Par voie orale, le secnidazole et le métronidazole sont les traitements les plus prescrits pour la vaginose. Des ovules sont parfois recommandés.
Bien que les antibiotiques soient efficaces pour traiter cette infection, celle-ci revient de manière chronique. On estime une récidive de 2 à 3 fois sur une période de 12 mois et un taux de 80 % à 3 mois. Il est donc nécessaire d’établir un traitement préventif et curatif.
Existe-t-il un traitement naturel de la vaginose ?
Les remèdes naturels pour traiter la vaginose bactérienne concernent :
Les prébiotiques pour rééquilibrer la muqueuse vaginale : Les prébiotiques sont constitués de sucres (inuline, lactose, cellulose…) bénéfiques aux bactéries intestinales mais aussi vaginales. Ces micro-organismes favorisent la production du microbiote et participent à l’équilibre des bactéries pour prévenir une infection vaginale ou urinaire.
Les œstrogènes pour lutter contre les démangeaisons et les irritations : Des œstrogènes locaux peuvent être administrés dans le cadre d’une ménopause, d’une desquamation vaginale ou d’une carence. Ces hormones permettent de lutter contre les désagréments liés à la vaginose.
Les probiotiques pour la reconstruction de la flore vaginale : Les lactobacilles sont des bactéries dites « bonnes ou positives ». Elles sont naturellement présentes dans le vagin. Ces bactéries, notamment Lactobacillus jensenii, L. crispatus et L. gasseri sont les plus présentes. Elles ont un rôle protecteur vis-à-vis des infections. Une étude américaine en août en 2006, des études ont démontré l’efficacité des lactobacilles, en particulier Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus rhamnosus GR-1 et Lactobacillus fermentum RC-14, administrés par voie orale ou intravaginale pour prévenir la colonisation de mauvaises bactéries et les infections qui en découlent.
Les crèmes à base de Zataria multiflora.
La Zataria multiflora est une plante originaire d’Asie qui possède des vertus antioxydantes, antimicrobiennes et anti-inflammatoires. Ses principes actifs se révèlent efficaces dans le traitement de la vaginose bactérienne.
La douche vaginale au thym et au clou de girofle
Le thym (nom latin Thymus vulgaris) est un antibiotique naturel. Ses propriétés antiseptiques, antibactériennes et anti-infectieuses permettent de lutter contre la prolifération des bactéries dites « mauvaises ou pathogènes » et accélèrent le processus de guérison de la vaginose bactérienne. Le thym peut être associé en synergie avec le clou de girofle pour combattre efficacement la bactérie Gardnerella vaginalis.
Diverses plantes et racines sont souvent proposées en médecine traditionnelle pour traiter les vaginoses non récidivantes, comme le gingembre, le curcuma ou l’ail, mais ces remèdes naturels, spécifiques à chaque milieu de vie ou région géographique, nécessitent une validation scientifique pour une prise en charge médicale efficace. Pour ceux qui s’intéressent aux méthodes naturelles, je recommande de consulter des phytothérapeutes assermentés ou ayant une bonne réputation en la matière.