Les témoignages des victimes des évènements tragiques au Stade du 28 septembre se poursuivent au tribunal criminel de Dixinn. Après l’ancien premier ministre François Louceny Fall, c’est au tour d’Alpha Amadou Baldé aussi victime de violences, d’expliquer ce qu’il a vécu.
Comme beaucoup de victimes, Alpha Amadou Baldé est aussi arrivé au Stade dans la matinée. Selon lui, les tirs ont commencé à retenir 30 minutes après la mobilisation des manifestants à l’intérieur du Stade.
«Les gens qui tiraient, étaient mélanger, il y avait des bérets rouges, des bérets verts qui étaient d’ailleurs les plus nombreux, et des policiers. Lorsque je tentais de m’échapper à l’intérieur du stade, un béret rouge qui détenait un couteau en main m’a retiré mon téléphone. Ce militaire accompagné par d’autres ont fouillé toutes mes poches. Comme ils n’ont pas trouvé de l’argent sur moi, ils m’ont bastonné à l’aide des bois puis m’ont mis dans le camion. À chaque fois j’essayais d’observer ce qui se passe à travers les trous du camion, les militaires me bastonnaient. Ils ont rempli ce camion de personnes. Quand ils ont fini leurs massacres, ils ont pris ce camion accompagné d’une sirène, direction pont 8 novembre. Delà, ils prirent la corniche pour rallier Dixinn, en passant par échangeur, nous sommes allés avec eux à l’aéroport pour rentrer au Camp Alpha Yaya. Arrivée à la présidence, j’ai entendu quelqu’un dire « M. le président venez voir les ennemis du pouvoir ». Lorsque j’ai levé ma tête pour observer, quelque m’a cogné sur le visage au point que je ne pouvais pas voir clair. De-là, on nous a mis à la disposition de Thiegboro. On a encerclé là-bas pour nous bastonner. Lorsque je suis rentré à l’intérieur, j’y ai trouvé pire. Les gendarmes nous ont bastonnés, nous ont faits asseoir en écartant nos pieds (…). On m’a frappé jusqu’à ce que j’ai perdu 4 dents. Nous avons passé 3 jours sans boire ni manger dans cette situation à l’antidrogue ».
Alpha Amadou Baldé indique que les militaires qui les ont retirés leurs téléphones appelaient leurs proches pour leur demander de l’argent en échange de leur liberté.
« Lorsque nos parents appelaient pour prendre nos nouvelles, ils leur disaient que nous sommes morts. Ils disaient à certains de nos parents que s’ils n’envoient pas l’argent qu’ils allaient nous tuer. C’est mon nom qu’ils prononçaient quand les gens appelaient au téléphone. Ils ne savaient pas que ce ne sont pas mes parents seulement qui appelaient. Dès qu’ils ont appris, les gens qui appelaient partaient dans ma famille pour dire qu’ils ont appris que je suis mort au Stade. Mes connaissances et proches qui ont appris cela, certains d’entre eux, de façon volontaire ont payé la somme qu’on leur demandait sans le consentement de ma famille, pour que je sois libre. Il y avait quelqu’un qui s’est mis à me rechercher, lorsque les militaires l’ont pris, ils l’ont amené au Camps Alpha Yaya où il a été bastonné, puis mis en prison. Chaque instant on envoyait les gens en prison au Camp Alpha Yaya », a-t-il déclaré à la barre.