La Guinée a célébré, ce lundi 1er décembre, la 37ᵉ Journée mondiale de lutte contre le sida. À Conakry, la présidente du Réseau guinéen des associations de personnes infectées et affectées par le VIH (REGAP+), Hadja Kadiatou Bodjè Baldé, a centré son intervention sur un défi majeur qui perdure : la stigmatisation.
Dès l’ouverture de son discours, elle a rappelé que, malgré les avancées, les discriminations restent omniprésentes. « Nous nous réunissons cette année autour d’un thème qui exige de nous un sursaut collectif. Les perturbations sont réelles, mais ce qui persiste surtout, et qui fait mal chaque jour, ce sont les attitudes de rejet, ces regards blessants, ces discriminations silencieuses ou ouvertement assumées, notamment dans certains services publics. Tant que la stigmatisation restera vivante, notre réponse au VIH demeurera incomplète. »
Hadja Kadiatou Bodjè Baldé a insisté sur la situation particulièrement vulnérable des personnes âgées et des jeunes vivant avec le VIH, souvent confrontés à une marginalisation constante. « Nos aînés vivant avec le VIH font face à une stigmatisation multiple. Ils sont plus fragiles, plus isolés, parfois rejetés même là où ils devraient être protégés. Quant aux jeunes, ils subissent une pression immense dans les écoles, les universités et les lieux de travail. Ils vivent dans la peur d’être pointés du doigt, humiliés, exclus. »
Ces discriminations, prévient-elle, conduisent parfois à un abandon du traitement, mettant en péril la santé de milliers de patients.
La présidente du REGAP+ a également salué la résilience des personnes touchées par la maladie, rappelant leur rôle central dans la riposte. « Aucune réponse au VIH ne peut être efficace si elle ignore ceux qui en sont le cœur. Nous, personnes vivant avec le VIH, ne sommes pas seulement des bénéficiaires. Nous sommes des partenaires, des co-constructeurs de la riposte. Nous portons l’expérience, la résilience, la douleur, mais aussi l’espoir. »
Elle a aussi plaidé pour un soutien accru aux organisations communautaires, premières lignes de la lutte. « Oui, la stigmatisation est encore là. Nous connaissons les nuits d’inquiétude, les ruptures de médicaments, les portes fermées, les paroles blessantes… Mais ce que nous avons, et que personne ne pourra nous enlever, c’est notre solidarité, notre courage et notre détermination à survivre. »
Interpellant les autorités, elle appelle à renforcer l’engagement national. « Nous sollicitons un financement national renforcé, parce que dépendre de l’extérieur fragilise nos services. Nous demandons la garantie de la disponibilité des traitements, la protection légale des personnes vivant avec le VIH et l’application stricte des lois contre la discrimination. »
Enfin, elle a conclu sur un message d’unité et d’espoir. « À chaque personne vivant avec le VIH en Guinée, je veux dire ceci : vous n’êtes pas seuls. Vous avez une famille. Vous avez une voix. Vous avez des droits. Et vous méritez le respect, les soins et l’amour. Que personne ne vous fasse croire le contraire. »
Elle rappelle que la Guinée peut atteindre l’objectif d’éliminer le sida comme menace de santé publique d’ici 2030, à condition d’agir collectivement contre la stigmatisation.


