L’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo a rompu le silence ce samedi 8 novembre 2025 pour condamner la candidature du général Mamadi Doumbouya à l’élection présidentielle de décembre. Il qualifie cette décision d’« acte de parjure » et appelle ses partisans à se mobiliser pour lui barrer la route.
Dans une adresse diffusée sur ses canaux de communication sur les réseaux sociaux, le président de l’UFDG affirme que la Guinée a été trahie par celui qui, jusque-là, avait redonné espoir au peuple. Il rappelle que Mamadi Doumbouya s’était engagé à ne pas briguer la présidence.
“La Guinée a été une nouvelle fois trahie. Les Guinéens ont manqué un autre rendez-vous avec l’histoire, celui qui avait juré devant Dieu et devant le peuple de ne jamais se porter candidat à l’élection présidentielle, marquant la fin de la transition et revenu sur sa parole au mépris de son serment et de sa parole d’officier”, a-t-il déclaré.
Cellou Dalein déplore que la candidature ait été déposée devant la Cour suprême, l’institution à laquelle, selon lui, Doumbouya avait pris des engagements solennels. Il assimile cet acte à un autre coup d’État et évoque un parallèle avec le putsch du 5 septembre 2021.
“Le général Mamadi Doumbouya a déposé en effet sa candidature à la Cour suprême, la plus haute institution judiciaire du pays, devant laquelle il avait juré pourtant de ne jamais le faire, et à laquelle institution il avait demandé qu’en cas de parjure, de lui faire subir la rigueur de la loi. C’est un autre coup d’État, assimilable à une haute trahison. Que nous avons assisté ce 3 novembre, après celui sanglant du 5 septembre 2021”, a-t-il ajouté.
Exilé depuis 2022, l’opposant n’a pas ménagé ses critiques à l’égard de la gestion de la transition. Il accuse la junte de corruption et d’entretenir un climat de terreur pour se maintenir au pouvoir, évoquant des violations massives des droits humains. “Notre pays est dirigé de main de fer par un groupe de prédateurs et un clan mafieux qui ont instauré, pour se maintenir au pouvoir, un climat de terreur, marqué par une violation massive des droits de l’homme et une restriction drastique des libertés publiques. On a enregistré à ce jour des dizaines d’assassinats ciblés. Plusieurs enlèvements nocturnes suivis de torture, des emprisonnements arbitraires, des harcèlements judiciaires, ainsi que des morts suspectes en détention de personnalités civiles et militaires”, a souligné Cellou, qui a par ailleurs appelé chaque Guinéen à mesurer son rôle face à cette situation.
“La question que tout le monde se pose aujourd’hui est la suivante. Que faire pour arrêter la folie liberticide de la gente et mettre fin à cette dictature féroce et impitoyable ? Chacun de nous est concerné par la résistance opposée à cette gente sans foi ni loi, prisonnière de ses propres trahisons, engluée dans ses contradictions. Elle avait promis la refondation. Elle n’offre que larmes et désolation. Elle avait promis une transition démocratique. Elle sera coupable de haute trahison et envisage de confisquer le pouvoir par l’intimidation, la ruse et la violence. Notre peuple, aujourd’hui meurtri, opprimé, séquestré et dominé, fera payer le parjure par la puissance irrésistible de la volonté”.
Pour l’ancien chef du gouvernement, chaque Guinéen doit désormais se considérer comme soldat de la démocratie , engagé et mobilisé pour le salut national. “Face à la triste réalité que nous subissons tous et les sombres perspectives qui nous menacent, rester les bras croisés ou détourner le regard n’est pas une option. Nous ne pouvons nous résoudre aux faits accomplis par la démission collective ou par la résignation individuelle. Peuples martyrisés de Guinée”.
Face à cette situation, Cellou Dalein Diallo appelle à une plus grande mobilisation et à un ajustement stratégique des forces d’opposition pour contrer ce qu’il présente comme une confiscation du pouvoir. “Nous devons mieux nous organiser, nous rassembler, au-delà des partis politiques et des communautés régionales, pour identifier ensemble les nouvelles stratégies plus adaptées à la lutte que nous devons mener pour le triomphe des valeurs que nous partageons et pour l’épanouissement des générations actuelles et futures. Dans ce combat, nous ne plierons pas, nous ne reculerons pas, nous ne céderons pas d’un iota, nous nous dresserons tous comme un seul homme, avec courage et détermination, pour mettre fin au cycle vicieux des promesses trahies et des serments bafoués. Nous nous battrons par tous les moyens pour la liberté, la démocratie et la justice, pour le triomphe de la légitimité républicaine et la préservation des acquis démocratiques obtenus de hautes luttes et chères à tous, à ceux qui se croient invulnérables et invincibles”, a-t-il insisté, mettant en garde contre ceux qui, selon lui, s’enrichissent sur le dos de la population.
“Parce qu’ils se sont enrichis sur le dos du peuple et détiennent des armes, nous opposerons la force irremplaçable de la majorité silencieuse. Que ceux qui pensent pouvoir continuer à régner par la peur et l’intimidation en s’imposant par les armes sachent qu’ils seront rattrapés par leur forfaiture”, a martelé Dalein, qui dit rester convaincu que la Guinée ne perdra pas son combat pour la démocratie et la liberté.
