Lors du 33ᵉ anniversaire de la Haute Autorité de la Communication (HAC), le président du Conseil national de la Transition (CNT), Dr Dansa Kourouma, a suscité la controverse en affirmant que « les vrais défenseurs de la liberté de la presse, ce sont les militaires ».
Une déclaration surprenante, alors que la liberté d’expression en Guinée traverse une période de forte restriction depuis la prise du pouvoir par le CNRD.
Une déclaration qui intervient dans un contexte où la liberté de la presse en Guinée est jugée particulièrement fragilisée depuis l’arrivée au pouvoir du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Dans son intervention, Dr Dansa Kourouma a rendu hommage à deux figures militaires qu’il considère comme des acteurs majeurs de l’évolution du paysage médiatique guinéen : le feu général Lansana Conté, ancien président de la République, et le général Mamadi Doumbouya, actuel président de la transition. « Les vrais défenseurs de la liberté de la presse, l’histoire l’a prouvé, ce sont les militaires. Dans plusieurs pays au monde, les vraies réformes des libertés sont souvent initiées par les hommes en tenue. Cela n’a pas trahi le parcours de la Guinée. Pour ne prendre que ces deux exemples, notre institution de régulation se trouve à un niveau de performance et de compétitivité institutionnelle sans égale mesure », a-t-il déclaré.
Le président du CNT a également salué la « volonté et la responsabilité » de ces deux dirigeants militaires, qu’il estime avoir œuvré « à faire de la liberté de la presse un véritable outil de la démocratie et de la bonne gouvernance ».
Si le feu président Lansana Conté est effectivement reconnu pour avoir initié la libéralisation des ondes en 2005, ouvrant la voie à la multiplication des radios et télévisions privées en Guinée, la situation actuelle du paysage médiatique contraste fortement avec cette ouverture.
Depuis le 5 septembre 2021, date de la prise du pouvoir par le CNRD, la presse guinéenne traverse une période de régression sans précédent. Plusieurs médias, dont Espace TV/FM, FIM FM et Djoma Médias, ont été fermés, tandis que des sites d’information ont été suspendus. De nombreux journalistes ont fait l’objet de pressions, d’arrestations ou ont été contraints à l’exil pour échapper à la répression.
Le cas du journaliste Habib Marouane Camara, disparu depuis plusieurs mois et toujours introuvable malgré les multiples dénonciations, illustre la gravité de la situation. Dans ce climat de peur et d’autocensure, rares sont aujourd’hui les professionnels des médias qui osent critiquer les autorités sans craindre de représailles.
Ainsi, si les propos de Dr Dansa Kourouma peuvent être interprétés comme un rappel historique du rôle que certains militaires ont pu jouer dans l’élargissement des libertés publiques, ils apparaissent en contradiction avec la réalité actuelle vécue par les médias guinéens.
En affirmant que « les vrais défenseurs de la liberté de la presse, ce sont les militaires », le président du CNT s’expose à une lecture critique : nombre d’observateurs estiment que cette déclaration est en décalage avec la situation présente, où la liberté d’informer demeure plus que jamais fragilisée en Guinée.
 
			 
			



