Le Conseil national de la Transition (CNT), qui fait office d’organe législatif, a été mis en place en janvier dernier par le président Mamadi Doumbouya. Au sein de cette institution transitoire, il y a une grande entité qui brille par son absence : la diaspora guinéenne vivant aux Etats-Unis.
Pourtant, celle-ci est l’une des plus importantes et des plus dynamiques. Elle est également pourvoyeuse d’importants fonds au développement du pays. En séjour en Guinée, Abdoulaye Baldé, issu de cette diaspora guinéenne vivant aux Etats-Unis et connu sous le sobriquet de “Diaka Baldé” est revenu sur cet “oubli” qui porte préjudice à l’intégration de cette forte communauté guinéenne à l’étranger.
Selon lui, parmi les cinq membres de la diaspora guinéenne nommés au CNT, il n’y a personne qui ne soit venu des Etats-Unis. “En ma connaissance, il n’y a pas eu de représentant venu des Etats-Unis. Pourtant, après la prise du pouvoir par le CNRD, nous étions ici en commission pour élaborer les mémorandums. Et parmi tous les représentants des États-Unis qui étaient là, en ma connaissance, personne d’entre eux n’est au CNT. Et je ne vois aucun représentant des États-Unis parmi les membres du CNT venus de la diaspora guinéenne.”
A en croire M. Baldé Abdoulaye, l’apport de la diaspora guinéenne vivant aux Etats-Unis est important. “On peut apporter à nos familles près de trois millions de dollars par mois et par jour deux cents 200 à 300 mille dollars”, a-t-il affirmé.
Par ailleurs, il a invité les jeunes guinéens à rester au pays, se faire des projets et chercher leurs financements. Et ne jamais penser, conseille-t-il, qu’il faille toujours aller à l’extérieur pour réussir.
“On peut rester en Guinée et réussir. Je veux faire savoir à nos frères et sœurs qui vivent ici et qui voudraient peut-être tenter l’aventure, de beaucoup réfléchir. S’ils ont des moyens et le savoir-faire, ils doivent essayer de se battre sur place et être honnêtes dans le travail. Parce qu’on peut réussir en étant en Guinée. Ce n’est pas aller seulement en occident qui peut changer la vie de quelqu’un. Donc, tous ceux qui prennent la route des États-Unis via le Brésil, font deux à trois mois dans les jungles. J’en ai rencontré plein et sorti certains de prison. J’aide les gens à immigrer légalement en leur fournissant un […] ou des reconnaissances à travers notre association. Il y a plein d’entre eux qui arrivent là-bas alors qu’ils sont presque devenus fous tellement qu’ils ont souffert sur la route”, a-t-il conseillé.
Poursuivant, il déclare : “on connaît par exemple des gens qui n’ont jamais immigré. Mais quand on vient ici, ils nous demandent tout notre argent pour monnayer.’’
Interrogé sur les difficultés que rencontre la communauté guinéenne aux Etats-Unis, Abdoulaye Baldé dira qu’elles sont d’ordre d‘abord linguistique. Ensuite, ajoute-t-il, il y a le problème d’obtention des papiers légaux, du boulot, de logement et enfin d’un financement.
Ce n’est pas tout. A en croire M. Baldé, “il y a le problème de sécurité, parce que vous n’êtes pas sans savoir que chacun a le droit d’avoir une arme avec seulement 25 dollars.’’
Qu’en est-il de l’obtention des documents légaux guinéens de voyage comme le passeport ? Contrairement aux années antérieures, l’obtention d’un passeport guinéen pour les ressortissants n’est plus de la mer à boire, affirme notre interlocuteur. “Le passeport guinéen avant, c’était un problème mais, le gouvernement a amélioré les conditions d’obtention parce qu’il y a eu plein de passeports qui ont été faits. Mon dernier séjour au Consulat de Guinée, il y avait une centaine de passeports disponibles que les propriétaires ne venaient pas prendre. Sur ce plan, je puis dire que la situation s’est beaucoup améliorée. Le problème, c’était le problème de visa mais, je crois que cela aussi s’améliore”, note-t-il avec satisfaction.
Parlant des relations entre la diaspora guinéenne et le Conseil Guinéen de l’Étranger placé sous la tutelle des Affaires étrangères, Abdoulaye Baldé souligne: “Lors des journées de concertation au Palais du peuple [après la prise du pouvoir par l’armée], on travaillait en symbiose avec le ministère des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger. Ce sont eux qui venaient superviser nos activités et on les avait remis tous nos rapports pour remettre au CNRD. Dans l’ensemble, tout s’est bien passé. Seulement, lors de la désignation des membres du CNT, on ne nous a pas associé. En principe, on avait dit que chaque continent devait avoir au moins un représentant. Mais, finalement tous les candidats ont été nommés sans un de l’une des plus importantes diasporas, celle des Etats-Unis. Pourtant, si on mesure l’apport des Guinéens des États-Unis à l’économie guinéenne, l’apport des compétences que les États-Unis apportent à la Guinée, on dirait que nous sommes lésés. Mais, cela n’est que partie remise parce que nous savons que nous allons nous battre pour que nos droits soient respectés en Guinée au même titre que nos compatriotes de la diaspora d’autres pays et d’autres continents”.
Enfin, explique-t-il, aux Etats-Unis, les Guinéens ont une plateforme à travers laquelle ils s’informent sur tout ce qui se passe dans les différents États et échangent sur les enjeux et défis de la communauté.
Pour terminer, il faut noter que dans le cadre du transfert des compétences, les Etats-Unis et le Canada en font beaucoup pour la Guinée, martèle notre interlocuteur.