Portée au pinacle en Afrique dans les années quatre-vingt-dix, à la faveur de l’éviction de nombreux régimes autoritaires, la démocratie y connaît aujourd’hui un reflux qui donne toute la mesure du chemin à parcourir pour son approfondissement et son enracinement. Les institutions et les pratiques démocratiques révèlent leurs limites quand ce n’est pas leurs perversions. La transhumance, appelée également nomadisme politique, est rangée parmi ces travers.
K. Awoudou défini bien ce phénomène de transhumance qui vient du vocabulaire pastoral comme la migration périodique des troupeaux à la recherche d’espaces plus favorables à leur sustentation et à leur épanouissement. Transposée à la vie politique, elle renvoie à l’attitude de l’homme politique qui migre d’un parti politique auquel il appartient au moment de son élection vers un autre parti, pour des intérêts personnels.
La transhumance est différente de la dissidence : le dissident organise sa tendance au sein de son parti, ou le quitte pour en créer un autre, ou déploie son jeu politique en dehors des partis. Le transhumant ou le nomade politique, au contraire, quitte son parti, avec armes et bagages, pour en rejoindre un autre, tout en se réservant la possibilité, au gré des circonstances, de revenir dans son parti d’origine. Exemple : Makanera Kaké…
Dans la pratique, la transhumance se présente, le plus souvent, comme des épisodes de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens opposants, élus nationaux ou locaux, qui, après avoir bénéficié de l’investiture de leurs partis, démissionnent pour rejoindre la mouvance gouvernementale avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages. Exemple : Mouctar Diallo, Aboubacar Sylla…
Ce phénomène pose à la fois des problèmes d’ordre éthique, moral et juridique. Pour ma part, je considère le RPG arc-en-ciel comme un parti fasciste, anti démocratique, qui depuis 10 ans a montré toutes les dérives, les violations répétés des droits de l’homme, de l’ethno stratégie, de l’assassinat de plus de 200 guinéens sans justice, de parjure…
L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) qui est aujourd’hui le seul rempart face à la dictature du RPG doit-elle utilisée les mêmes recettes stratégiques du RPG que tout oppose ? Un Parti démocrate comme l’UFDG doit-elle acceptée en son sein des soit disant cadres issues d’un parti d’une idéologie Fasciste qui est le RPG ? Des personnes qui ont trahie la République de Guinée et ses valeurs par la conception, la mise en œuvre d’un projet Référendaire et Législatif anti constitutionnel par tous les moyens en assassinant au passage une plusieurs Guinéens ont-elles leur place au sein d’un parti démocrate qui est l’UFDG ?
Doit-on au nom de la conquête du pouvoir accepter tout et tout le monde ?
Je me souviens en 2002 à l’élection Présidentielles en France, Jacques Chirac refusa un débat télévisé face au candidat d’extrême droite Jean Marie Le Pen, Chirac disait : « Face à l’intolérance et la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible.»
Après avoir été élu à la tête de la Thuringe grâce aux voix de la CDU (parti d’Angela Merkel) et de l’AFD (extrême droite), provoquant un séisme politique en Allemagne, le libéral Thomas Kemmerich (FDP) a finalement annoncé se retirer de ses fonctions et la tenue prochaine «de nouvelles élections afin de retirer le stigmate du soutien de l’AfD». Il disait : «Tu ne peux pas empêcher des nazis de voter pour toi ; mais tu peux être un démocrate et rejeter le vote».
Force est de constater en Guinée pour bénéficier de la grâce, des avantages, de la promotion dans la gouvernance d’Alpha Condé, il faut être spécialiste dans l’injure contre Cellou Dallein , même un Malien dont le nom ressemble à un marigot ne s’en prive pas de cette stratégie. L’UFDG que je défends les valeurs depuis 2010 de Kindia en passant par Diécké jusqu’à maintenant doit se passer de certaines catégories de personnes comme Ismael Condé qui a encouragé, soutenu et pris part activement à la matérialisation d’un coup d’État constitutionnel en Guinée. Au nom de tous les martyrs tombés pour la défense de la démocratie, tout ce clan mafieux de ALPHA Condé à Damaro, de Mouctar Diallo à Diané, de Damantan à Domani… tous le démocrates doivent se passer de leur service et doivent être considérer comme des parias, combattus jusqu’à la dernière énergie.
La plupart des Constitutions africaines tentent d’y apporter une solution juridique en prévoyant, par exemple, une déchéance automatique pour tout élu qui démissionne ou même qui est exclu, en cours de législature, du parti dont il a reçu l’investiture pour un autre parti. C’est la solution consacrée constitutionnellement au Sénégal Constitution du 7 janvier 2001 révisée , au Gabon Constitution du 26 mars 1991 révisée., au Rwanda Constitution du 4 juin 2003., au Niger Constitution du 18 juillet 1999 révisée.
La politique c’est aussi l’éthique, telle est le sens de mon engagement.
Moussa BAH Secrétaire Général par intérim UFDG Strasbourg (Grand EST)