Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, a fustigé la démarche des anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré suite à la récupération de leurs domiciles de Dixinn et de la minière.
Dans cette affaire, les leaders de l’UFDG et de l’UFR et leurs proches y voient un acharnement contre Cellou et Sidya, vu qu’ils ont été déguerpis alors que les dossiers ont été portés devant les tribunaux. Mory Condé a qualifié cela comme étant une mauvaise fois de leur part. «Aujourd’hui, parce qu’ils sont à la tête des formations politiques, ils ont transformé les problèmes personnels qu’ils ont avec l’Etat pour le mettre au nom de leurs partis politiques. Chose qui n’est pas juste», estime le ministre dans un premier temps.
Pour preuve, le patron du MATD précise que les deux ne sont pas les seuls anciens ministres à être confrontés à la même réalité.
«Ces mêmes ministres qui clament avoir des décrets qui leur ont permis d’avoir ces bâtiments, il y a d’autres ministres, au même moment, qui étaient en fonction qui ont eu ces mêmes décrets et qui ont refusé. Appelez l’ancien premier Lansana Kouyaté, appelez le ministre Alpha Ibrahima Keira. Ils ont aussi des décrets. Quand Lansana Kouyaté au ministère des Affaires étrangères en Guinée avant d’aller à la Francophonie, le même décret qui a permis ces deux anciens Premiers ministres de clamer la paternité de ces deux bâtiments, Lansana Kouyaté a le même décret. Le ministre Alpha Ibrahima Keira a le même décret», précise-t-il.
Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ont brandi des documents qui prouvent qu’ils acquis légalement leurs domaines.
Pour le ministre, un décret ne peut pas permettre à quelqu’un de bénéficier d’un patrimoine de l’Etat, mais plutôt, il faut une loi à l’Assemblée nationale pour déclassifier, enlever dans le patrimoine de l’Etat.
«Je vous donne un exemple tout bête. Aujourd’hui par exemple, je suis détenteur de quatre villas au quartier Ossud. L’ensemble des documents ont été établis au nom de ma famille. Les enfants sont cités sur les documents de propriété. J’envoie au niveau du conservateur foncier pour dire que ces quatre villas appartiennent à la famille Condé. Les membres de la famille Condé sont X, Y, Z. ça, ça existe. Demain, je sors, je rencontre une go dans la rue, je lui dis que j’ai une villa à l’Ossud, je fais un écrit pour dire que la villa lui appartient. Cet écrit-il n’a aucune valeur vis-à-vis de la déposition que j’ai faite au niveau de la conservation foncière, tant qu’au niveau de la conservation la villa que j’ai octroyée à la fille n’a pas été enlevée de ce patrimoine, ça n’a pas de valeur. C’est la même chose», a-t-il expliqué.
Donc poursuit-il, «les gars ont eu le plaisir de s’octroyer, les autres ont eu l’intelligence de dire que ça ne leur appartient pas. Et mieux, ce que nous ne savons pas, c’est qu’en 2020, Alpha Condé avait pris un autre décret pour reclasser ces deux bâtiments dans le patrimoine immobilier de l’Etat. On n’était même pas au courant de cela. C’est lorsqu’ils ont engagé des procédures judiciaires qu’on a été informés qu’il y a eu un décret qui existe qui date, je crois, d’avril 2020, qui a annulé les décrets d’octroi de ces bâtiments. Si le ministre Alpha Ousmane Diallo, qui était à l’époque ministre de l’Habitat, qui a conduit tout le processus, lui-même habitait à la Cité ministérielle, mais le bâtiment où il était, qui est un bâtiment de l’Etat, il n’a jamais accepté de le s’octroyer lui-même. Pourtant c’est lui qui a fait l’octroi pour ces deux anciens Premiers ministres.»
Les deux anciens Premiers ministres (Cellou et Sidya), qui ont été délogés de ces bâtiments ont eu la possibilité d’ester en justice le patrimoine bâti.
Si demain la justice statue là-dessus et que ces bâtiments leur appartenaient, l’Etat va envoyer d’autres procédures, rassure Mory Condé.
«L’Etat va envoyer une procédure qui vise à les récupérer pour cause d’utilité publique et leur payer les montants correspondants à la valeur de leurs bâtiments. Donc il n’y a pas d’amalgame. Si ces bâtiments appartiennent à l’Etat, ok. Mais s’ils ne lui appartiennent pas, ces deux anciens Premiers ministres, comme tout Guinéen qui voit dépossédé de son bâtiment, ont la possibilité d’ester en justice. Si le droit est dit et que leur propriété, l’Etat est à mesure de les racheter et de les mettre dans le patrimoine de l’Etat. Donc il n’y a pas d’amalgame là-dessus», a-t-il conclu.