Victime des bavures policières au niveau du barrage routier de Kenendé, le substitut du procureur près le Tpi de Dubréka Abou Nantenin Konaté était devant la barre à la Cour d’appel ce mercredi 27 mai 2020 pour témoigner sur les violences dont il a subies le 5 mai dernier.
En relatant sa version des faits devant le juge, le magistrat Abou Natenin Konaté rappelle que lundi 04 mai 2020, “par dénonciation de certains citoyens, des avocats, des huissiers, des élus locaux” le parquet du tribunal de Dubréka “a été informé de la commission de certaines infractions par certains agents des Forces de défense et de sécurité (FDS) du barrage de Kenendé, notamment les faits de destruction de certains véhicules par bastonnade, des violences, et des cas d’escroquerie”.
“Dans un souci de préserver l’ordre public et la quiétude sociale”, explique le substitut du procureur, il s’est rendu au niveau dudit barrage afin “de ramener ordre public”.
Arrivé sur les lieux, le magistrat dit s’être présenté au responsable du barrage. “Deux agents en tenues m’ont montré un commandant auprès duquel je suis venu pour expliquer les faits qui nous ont été dénoncés à notre parquet. Ledit Commandant a appelé ses hommes qui ont accordé une importance particulière a notre entretien”.
Alors qu’il avait convaincu les agents à déposer “les bâtons lourds contre les véhicules, voire des personnes” que ceux-ci détenaient, c’est à ce moment que le Colonel Mamoudou Kaba, coordinateur des Barrages de Kouria à Coyah, Forecariah et Bawa à Dubreka, est arrivé sur place.
“Je l’ai salué, il n’a pas répondu. Je lui ai demandé s’il me reconnaissait. Il a répliqué avec un ton violent: je te connais ce n est pas toi, Procureur Konate qui m’a chassé dans ton bureau ? Alors je vais te montrer que c’est moi qui suis le commandant d’ici. C’est ainsi, il commence à crier sur moi en m’insultant et en ordonnant à ses agents de m’arrêter”.
Face aux invectives du colonel Kaba et sachant l’antécédent entre eux, le magistrat décide de prendre sa voiture et quitter les lieux. “Entre temps, il a personnellement pris le pick-up pour venir me barrer la route et a ordonné à ses hommes de me prendre et de me jeter dans le pick-up. Ses hommes m’ont violenté en me blessant au bras droit, détruisant ma montre et dans la foulée I’un de ses agents m’a dit que si je ne fait pas attention qu’il va me poignarder avec le couteau”.
Et de poursuivre en expliquant au juge les conditions dans lesquelles il a été envoyé au camp Kwamé Nrumah situé entre Kagbélen et Km36. “J’ai trouvé des militaires. Un colonel est sorti pour me demander, au moment de
mon entretien avec ce colonel, ce dernier a reçu un appel d’un autre colonel à la Présidence qui a commencé à me présenter ses excuses tout en instruisant à son collègue colonel de m’accompagner au barrage de Kenendé afin de récupérer la clef de ma voiture avec le colonel Mamoudou Kaba”.
A sa grande surprise, le magistrat constate la disparition de 45 millions Fg qu’il avait laissé dans sa voiture. C’est ainsi, le substitut du procureur a fait appel à un huissier qui est venu constater le vol.
A l’ouverture de la première audience, mercredi 27 mai à la Cour d’appel de Conakry, le prévenu, le colonel Mamoudou a reconnu les infractions “menace de mort, séquestration, coups et blessures volontaires, vol, injures publiques et outrage à magistrats à lui reprochées.”
Abdoul Malick Diallo