Après plusieurs arrêts, les travaux sur le mont Simandou vont enfin reprendre. Ce gisement de fer, qualifié de plus important au monde à date, va être exploité par Rio Tinto (Blocs 3 et 4) et WCS (Blocs 1 et 2). Récemment, Geraud Moussarie, Directeur général de Rio Tinto Guinée, a été reçu par nos confrères d’Espace TV pour parler de ce projet.
Lors de cette interview, Geraud Moussarie a d’abord fait savoir qu’il était normal qu’un projet comme Simandou prenne du temps avant d’être exploité : « [Rio Tinto et Simandou] c’est une vieille histoire qui dure depuis quelques années. Mais j’aimerais dire que ce n’est pas surprenant parce que des projets de la taille de Simandou, des projets de classe mondiale, il faut un certain temps pour que les choses se mettent en place. »
Après donc tant d’années, l’exploitation va reprendre, rassure Geraud Moussarie : « Aujourd’hui, je dirais que les étoiles sont alignées. Pourquoi ? Parce que, d’une part, le marché du fer de Simandou, c’est un fer à haute teneur, un fer vert en fait qui est très demandé par les clients aujourd’hui. Donc, le marché et le client sont aujourd’hui prêts pour le fer de Simandou. Nous avons déjà un marché important qui est demandeur. La deuxième chose, c’est qu’au cours des dernières années, beaucoup de choses se sont passées. En fait, la mine et le tracé du rail, ont été dérisqués. Pourquoi ? Parce que sur le tracé de la mine Rio Tinto et Simfer ont fait beaucoup de travaux pour comprendre les quantités, la qualité du minerai de fer. Sur le tracé, WCS a fait de grandes avancées ; ils ont commencé la construction. En fait, aujourd’hui, quand je suis arrivé en Guinée, le projet était déjà dérisqué par rapport à autrefois. Et puis un élément important, c’est qu’ici nous avons la volonté très forte du gouvernement de la Transition d’avancer avec ce projet et également du côté de Rio Tinto, la volonté très forte de notre CEO d’avancer sur ce projet. Ce qui fait que les étoiles se sont alignées et aujourd’hui nous travaillons vraiment d’arrache-pied pour faire avancer ce projet. »

Le respect du Code minier guinéen et toutes les autres lois du pays constituent une obligation pour Rio Tinto, insiste Geraud : « Comme vous le savez, Rio Tinto est une société cotée en bourse. Donc, on répond bien sûr à toutes les normes requises de nous. On publie nos rapports, nous sommes tenus, bien sûr, de respecter tous les codes miniers et les accords qui sont en place, la législation en vigueur absolument. […] Le projet Simandou rassemble des acteurs très connus dans le marché du fer : Rio Tinto, le premier vendeur de fer mondial sur les marchés internationaux ; Baowu qui est en train d’entrer dans le partenariat est le premier producteur de fer. Donc Baowu va rentrer dans le partenariat dans la CTG (Compagnie du Trans-Guinéen, créée en juillet 2022), en fait dans Winning Consortium Simandou (WCS), qui est un actionnaire de la CTG. Ces acteurs se rassemblent et comment le travail va être divisé ? C’est un travail de très grande ampleur. Puisque, non seulement, nous avons le développement de deux mines, mais aussi un tracé de chemin de fer qui va à 650 km de longueur, qui va traverser six des huit régions administratives de la Guinée et un port. Et donc, il est important, pour garder la vitesse et maintenir les standards internationaux, de bien se répartir le travail entre les différents acteurs. »
L’autre information révélée par le Directeur général de Rio Tinto Guinée, c’est la décarbonisation lors de l’exploitation de ce gisement de fer : « En fait l’exploration a révélé non seulement les quantités gigantesques de Simandou, mais aussi la qualité exceptionnelle du fer de Simandou. C’est un fer à haute teneur, ce qui veut dire que quand on fait la transformation de ce fer-là, on n’est pas obligés de polluer autant. En fait, on n’émet pas de gaz carbonique. C’est très différent du fer à faible teneur. Pour une tonne d’acier, on produit deux tonnes de gaz carbonique. Aujourd’hui, on connaît l’importance du sujet de la décarbonisation, que ce soit à la fois en Guinée où le gouvernement nous demande de respecter les normes internationales et standards internationaux ou pour Rio Tinto pour qui les standards ESG, les standards environnementaux sont très importants. Donc en fait, ce fer « vert » ou ce fer à haute teneur est un fer qui, lors de sa transformation, va très peu polluer et donc il est vraiment très demandé sur les marchés. Surtout ces dernières années, il y a énormément d’intérêt par les acheteurs de minerai de fer d’acheter un minerai « vert », un minerai à forte teneur de fer. »
Le projet Simandou, faut-il, le rappeler, c’est 600 emplois directs aujourd’hui. Ce chiffre, selon Geraud, devrait doubler d’ici la fin de l’année et « au niveau de tout Simandou, ce qui inclut nos partenaires, nous allons arriver autour de 10 000 emplois à la fin de l’année quand on inclut en plus les emplois indirects. »