Prenant la parole à la clôture du forum du secteur privé ce mardi 23 juillet 2019, Kassory Fofana premier ministre de la République de Guinée a dit que le secteur agricole est un levier économique cardinal pour un développement durable et inclusif du continent africain.
Selon lui, en Guinée, comme ailleurs sur le continent, la très large majorité des populations vivent en milieu rural.
À l’en croire, le secteur agricole occupe plus de 60% de la population active continentale.
“En Guinée, il s’agit même de 76% de cette population. Cependant, les performances de notre secteur agricole demeurent limitées. La valeur ajoutée de l’agriculture à la création de richesse continentale stagne autour de 25% du Produit intérieur brut (PIB). Notre dépendance aux importations de produits alimentaires est encore forte, avec un déficit de la balance commerciale agricole d’environ 35 milliards de dollars. Selon les données de la FAO, plus de 232 millions d’africains sont encore en situation de sous-alimentation. La faible productivité du secteur, notamment pour ce qui concerne la mécanisation et le recours aux engrais, est la principale explication à ce niveau de performance. Peu de processus de transformation de la récolte, qui est pourtant le segment le plus rentable de la chaîne de valeur agricole, a lieu sur place. Pour ne prendre qu’un exemple, la Côte d’Ivoire, qui représente à elle seule 69% des exportations mondiales de cacao, ne dispose de sa première usine de transformation de la fève de cacao en chocolat que depuis seulement 2015. Les pertes de récolte, en raison des difficultés, pour les agriculteurs, d’accéder aux marchés de commercialisation, sont une autre explication”, a-t-il entamé.
Et Kassory Fofana de poursuivre: “Selon la Banque mondiale, entre 10 et 40% de la production agricole africaine est perdue chaque année, du fait du manque d’infrastructures de stockage et de transport. C’est le cas des mangues, oranges et autres fruits et agrumes de la Basse Guinée. Enfin, les difficultés d’accès au crédit, les incertitudes entourant la propriété́ juridique des terres, expliquent tout aussi les faibles performances de notre agriculture. Notre secteur agricole présente pourtant de très nombreux atouts. L’Afrique dispose de 60% des terres arables non encore exploitées dans le monde, soit plus de 200 millions d’hectares, et n’utilise que seulement 2% de ses ressources en eau renouvelables, contre une moyenne de 5% au niveau mondial. La Guinée, notre pays, dispose de plus de 6 millions d’hectares, dont seulement le tiers est en exploitation”.
Plus loin, il a fait savoir que les populations, jeunes et urbaines, dont les préférences alimentaires évoluent, constituent un marché́ prometteur pour l’agro-business, estimé à 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2025.
En citant les estimations du McKinsey Global Institute, il a indiqué que les retombées économiques d’un développement de l’agriculture africaine seraient considérables, plus de 800 milliards de dollars par an d’ici 2025.
“Aucun autre secteur économique sur le continent ne peut rivaliser avec le secteur agricole en termes de création d’emplois ou de richesse. Notre conviction est que le secteur agro-industriel est susceptible de constituer un vecteur puissant pour la transformation de notre système productif, en contribuant de manière effective à la réduction de la pauvreté. Plus que jamais, la question est de savoir comment intégrer les petites exploitations agricoles, qui constituent l’essentiel de notre secteur agricole, dans les chaînes de valeur”, a-t-il fait savoir.