Mamadou Aliou Bah, l’une des victimes des violences au Stade du 28 septembre en 2009, a comparu devant le tribunal criminel de Dixinn ce mercredi 24 mai 2023. Au cours de son témoignage, il a donné des explications qui accablent le colonel Claude Pivi, ministre chargé de la Sécurité présidentielle au moment des faits et sa troupe.
Dans ses explications, Mamadou Aliou Bah a laissé entendre qu’il ne sait pas comment il a pu s’échapper du pire qui s’est produit à l’intérieur du Stade. «J’ai vu quand même les bérets rouges tirer à bout portant sur les manifestants », a-t-il martelé.
Aliou Bah affirme s’être rendu à Cosa le lendemain pour constater le pillage des magasins. C’est là qu’il a reçu une balle. « J’ai vu Pivi et ses hommes tirer sur un jeune du nom de Boubacar, lorsque je suis allé le secourir ils ont tiré sur moi au niveau de mon pied. Le jeune est décédé sur place, les gens m’ont mis dans un véhicule pour me conduire à l’hôpital Donka ».
Arrivée à l’Hôpital, Aliou Bah dit avoir constaté la présence de beaucoup de bérets rouges qui, pour un début, les ont empêchés de rentrer.
« C’est l’un d’entre eux qui est venu vers notre voiture pour nous dire que ce n’est pas de leur volonté, mais c’est le ministre qui leur a dit (d’empêcher les gens d’accéder à l’hôpital, NDLR). Ce militaire nous a laissé entrer. Dadis est venu nous regarder alité. Après le passage de Dadis le ministre de la Santé est venu dire aux médecins de ne laisser aucune victime sortir de l’hôpital, que le tout le monde doit être traité là. On s’est dit peut-être qu’il (le ministre de Santé ndlr) a été menacé par Dadis parce que, c’est le ministre lui-même qui a dit aux militaires de ne pas laisser les victimes rentrées pour se faire soigner ».
Même en étant alitées, les victimes avaient de la peur au ventre. Mamadou Aliou affirme que : « Les gens venaient généralement nous dire ne rester pas ici sinon vous allez vous faire tuer. »