Depuis l’explosion de l’unique dépôt des hydrocarbures, du pays, le 18 décembre 2023, plusieurs secteurs d’activités sont frappés par la crise de carburant. La situation prend de l’ampleur chez les entrepreneurs locaux. Ceux qui évoluent notamment dans l’aviculture assistent petit à petit au dépérissement de leurs investissements. Les acteurs de ce secteur pourtant vital à l’économie locale sont confrontés aujourd’hui à de nombreux défis.
Tidiane Barry qui dispose d’une ferme d’élevage de vaches, dindes et de poules à Kouriah dans la préfecture de Coyah et d’une couveuse d’œufs dans le quartier Bambeto à Conakry, est l’une des victimes de cette situation. Confronté au manque d’électricité, depuis quelques semaines, le jeune entrepreneur peine à s’approvisionner en carburant pour alimenter son groupe électrogène.
Une situation qui constitue un obstacle pour cet aviculteur qui lutte pour garantir la survie de son investissement dans un environnement déjà précaire.
Pendant cette période difficile, Tidiane se bat pour maintenir une température adéquate dans sa couveuse, 100% électrique qui est essentielle pour l’incubation des œufs. La température constante de 37,5 °C requise pour le développement normal des embryons est difficile à maintenir sans l’électricité alors que le traditionnel tour-tour a commencé dans certains quartiers.
Conséquence directe de ces coupures intempestives c’est la diminution de l’éclosion des œufs et une augmentation de la mortalité embryonnaire, mettant ainsi en péril la productivité de l’entreprise de Tidiane.
« Au début de la crise, nous avons eu près de 40% de taux d’échec à l’éclosion vu qu’on n’avait pas de groupe électrogène. Nous n’avons pu obtenir que 500 œufs à l’éclosion alors qu’habituellement, c’est 1000 œufs obtenus après chaque 21 jours », se lamente-t-il.
Quelques jours après l’explosion du dépôt d’hydrocarbures, le gouvernement a interdit le service du carburant dans les bidons. Une mesure qui enfonce davantage le business du jeune entrepreneur, puisqu’il ne disposait pas de budget suffisant pour faire face à une telle crise.
« L’obtention du carburant est un vrai calvaire parce qu’on est obligé d’aller avec des motos pour nous en procurer et venir approvisionner les groupes et on est obligé de consommer jusqu’à 10 litres d’essence par jour », s’indigne Tidiane Barry.
L’autre conséquence de cette pénurie de carburant, poursuit notre interlocuteur, c’est la hausse du coût de transport des agrégats des animaux pour sa ferme à Kouriah.
« Avant, on transportait une tonne d’agrégats composée de tourteaux de soja, de maïs et autres du marché à la ferme à seulement 250.000 Gnf, mais depuis quelques semaines, le coût est monté à 400.000 Gnf. On n’arrive pas à gérer parce que tout ça rentre dans des imprévus et nos budgets sont en général très restreints”.
Pour faire face à ces difficultés, il est important de mettre en place des mesures d’atténuation et de solutions alternatives en cas de manque d’électricité. C’est pourquoi, Tidiane opte pour l’installation d’un thermomètre à pile pour fournir une alimentation de secours à la couveuse et aux écloseries qui, même sans électricité, arrive à surveiller la température des œufs dans la couveuse.
Toutefois, si la crise continue, le jeune entrepreneur n’aura le choix que d’augmenter le prix de sa production et des œufs locaux sur le marché, ce qui va impacter forcément ses clients. D’après ses explications, si la production d’un seul poussin coûtait 6000 Gnf avant, aujourd’hui, ça va jusqu’à 15000 Gnf vu les charges auxquelles il fait face.
Tidiane insiste sur le fait que la stabilité du courant électrique et la disponibilité du carburant sont des facteurs indispensables pour garantir la survie et le développement durable de l’élevage avicole en Guinée.