Face à la presse ce vendredi 21 novembre 2025, le Premier ministre Bah Oury s’est exprimé sur plusieurs sujets d’actualité, dont la recrudescence des enlèvements visant des acteurs politiques, des membres de la société civile et des citoyens ordinaires. Le dernier cas en date concerne des proches de l’artiste Elie Kamano, ravivant les inquiétudes sur la sécurité intérieure et la capacité de l’État à juguler le phénomène.
Alors que de nombreux citoyens dénoncent l’inaction du gouvernement face à ces pratiques devenues récurrentes, le chef du gouvernement a tenté d’apporter des explications, tout en appelant à la patience.
Selon Bah Oury, la Guinée est engagée dans un processus de transformation profonde dont les effets ne peuvent être immédiats. “La normalisation de nos sociétés, qui a toujours été, par le passé, marquée par la violence et la mauvaise gouvernance, cette normalisation va se faire de manière progressive. Cela veut dire que les mentalités ne changent pas selon un décret. C’est un processus qui entre en ligne de compte et que progressivement les idées, les mentalités, les manières de faire peuvent s’ajuster à une nouvelle réalité à laquelle nous sommes en train de nous croire pour y arriver”, a-t-il déclaré.
Pour illustrer cette transition, il a évoqué l’exemple d’un phénomène naturel : « Lorsqu’il y a un tremblement de terre par exemple, il va de soi qu’il y aura des réponses », soulignant que cela prendra du temps pour que les choses se stabilisent.
Revenant sur l’histoire politique récente, le Premier ministre a rappelé que « la Guinée a été marquée pendant très longtemps par cette violence politique avec abus de pouvoir et des comportements qui ne s’y est pas dans un état de droit, comme on l’est aujourd’hui ». Il estime toutefois que des progrès notables ont été enregistrés au cours des quatre dernières années.
Il met notamment en avant une dynamique d’apaisement et une compréhension accumulée de la nécessité du vivre-ensemble : « Il ya eu une évolution qui fait que, grâce à Dieu, nous sommes dans une phase où il ya un vrai type d’apaisement et une plus grande compréhension par nos compatriotes de la nécessité de privilégier, de vivre ensemble.»
Évoquant les réformes institutionnelles, Bah Oury a souligné l’importance de la nouvelle Constitution du 21 septembre dernier : « L’élaboration du projet constitutionnel qui est devenu la Constitution de la République de Guinée montre que nous sommes en train de construire progressivement les fondamentaux de l’État de droit ».
Il a mis en avant l’innovation que constitue l’introduction du droit de pétition : “Nous avons adopté une Constitution qui donne le droit de pétition à nos concitoyens… Et ça, c’est quelque chose qui est une innovation magnifique, parce qu’il y a des changements dans l’arsenal juridique d’un pays comme le nôtre. Donc, il y a une volonté dans le sens de cet amendement . “
Le chef du gouvernement affirme que l’exécutif entend désormais renforcer l’application stricte de la loi : « On va y travailler d’arrache-pied… on exigea de plus en plus à ce que l’ensemble des administrations… puisse se conformer à l’ordre constitutionnel tel que le peuple de Guinée l’a adopté avec une très large majorité ».
Reconnaissant l’ampleur des défis, il appelle à la responsabilité collective . « Ce n’est pas évident… nous avons à travailler et c’est le concours de tous qui fera que, progressivement, le pays sera dans un bruit de sécurité, de respect absolu des droits de l’ensemble des citoyens pour nous permettre de nous atteler aux pré-tâches de développement “, a-t-il conclu.


