Rien ne va plus entre le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright et le président de l’Association des magistrats de Guinée (AMG), Mohamed Diawara. Les deux s’attaquent fréquemment par médias interposés.
Après le juge de paix de Boffa, Ibrahima Sow et le procureur de la République près le tribunal de première instance de Boké, Lansana Cissé, en juin dernier, le ministre Charles Wright a suspendu le juge du TPI de Labé, Moussa Camara pour « insuffisance professionnelle ». Cela a poussé l’AMG a accusé le garde des Sceaux de tentative de s’interférer dans les décisions judiciaires faisant allusion à l’affaire Dame Asmaou Diallo qui défraie la chronique.
Charles Wright a vigoureusement réagi à ces accusations. « Quand j’entends les gens dire qu’il y a un bras de fer, je suis désolé de dire qu’il n’y a jamais eu de bras de fer entre le ministre de la Justice que je suis et l’Association des magistrats. Il ne faut pas confondre l’Association des magistrats composée de tous les magistrats de Guinée, les magistrats de la Cour suprême, ceux des cours et tribunaux de manière générale à un bureau exécutif de l’Association des magistrats géré par un président émotionnellement instable et qui n’arrive pas à fédérer l’intérêt des magistrats pour lesquels nous nous battons quotidiennement dans un élan de franc-parler et de discussions ».
Par ailleurs, le ministre Charles Wright a ajouté qu’à sa prise de fonction, il avait rassuré n’être contre personne. Mais, il accuse en retour le président de l’AMG, Mohamed Diawara d’avoir une dent contre lui pour n’avoir bénéficié d’une nomination. « La justice est une grande famille. Vous avez des magistrats, des huissiers, des notaires, des commissaires et des avocats. Quand il (Mohamed Diawara, président de l’AMG, Ndlr) est venu à mon bureau au lendemain de ma prise de fonction, à l’époque nous étions à la veille des différentes nominations des magistrats. Il m’a dit qu’il voulait être procureur général. Il est venu me poser le problème. Sans faire de cela aujourd’hui une cause non avouée pour des intérêts personnels, c’est ce qui me pousse à clarifier l’opinion. Pour un sujet ordinaire, comment les gens peuvent se taper la poitrine. Je lui ai dit que tout est question de destin. S’il n’a pas retrouvé son nom comme procureur général, il a une certaine frustration. La proposition à un poste de responsabilité, j’ai été clair avec lui. Je ne peux le proposer comme un procureur général. Un magistrat doit se garder de faire une telle chose, chacun doit garder sa sérénité », a révélé le ministre de la Justice.
Il faut rappeler que le bras de fer entre Charles Wright et le président de l’Association des magistrats de Guinée, Mohamed Diawara, a commencé avec une déclaration signée le 13 août 2022, dans la laquelle la structure s’est désolidarisée de certaines actions du département de tutelle. Elle avait dénoncé entre autres la publication sur la page Facebook du ministère de la Justice, des injonctions de poursuite judiciaires contre un magistrat, sans saisine préalable du Conseil supérieur de la magistrature. Ainsi, le ministre Wright a suspendu par la suite Mohamed Diawara de ses fonctions de procureur spécial près le tribunal pour enfant.