Sous le régime CNRD, la Guinée ressemble à une salle de classe où l’enseignant, dépourvu des prérequis, du diplôme, de la pédagogie et de la patience, insiste néanmoins pour enseigner. Ce métier, qu’il ne maîtrise pas, est pour lui le seul moyen de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Arrivé au pouvoir à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021, ayant renversé Alpha Condé, le CNRD a bénéficié d’une année de grâce avant de proposer un chronogramme de 24 mois. Celui-ci a expiré le 31 décembre 2024, sans que les promesses de transition ne soient tenues.
Pour cacher ses limites et son faible niveau, l’enseignant interdit à ses élèves de poser des questions. De la même manière, le régime étouffe toute contestation citoyenne. La répression sanglante des manifestations devient un outil pour faire taire les critiques sur la mauvaise gouvernance et les dérives de la transition.
Ceux qui osent lever la main pour demander des comptes sont accusés de perturber la classe, notés à zéro ou expulsés. Les leaders politiques et sociaux, menacés, sont contraints à l’exil ou réduits au silence par des enlèvements et des emprisonnements arbitraires.
En bon manipulateur, l’enseignant s’allie aux “colombiens”, ces élèves passifs qui s’installent au fond de la classe, indifférents aux leçons et incapables de les comprendre. Dans la réalité, ces “colombiens” sont incarnés par les mouvements de soutien au CNRD, autorisés à manifester, contrairement aux partis politiques d’opposition. Ces mouvements, encouragés par des cadeaux tels que la distribution de voitures, servent à légitimer une transition biaisée.
Quand un élève ose poser une question, il est immédiatement rabroué par les colombiens : “Arrête de nous perturber”, ou encore “Tu poses toujours trop de questions”. Et si cet élève persiste, ils encouragent l’enseignant à l’exclure de la salle pour, disent-ils, préserver le bon déroulement du cours.
Cependant, l’artifice du maître finit toujours par s’effondrer lors des examens nationaux. Les résultats dévoilent alors l’échec cuisant de ses méthodes. De même, tôt ou tard, les Guinéens découvriront les véritables carences de la gouvernance du CNRD et les promesses non tenues d’une transition annoncée comme salvatrice.
