La fin de la transition guinéenne est initialement prévue en fin 2024 avec l’organisation de l’élection présidentielle si on s’en tient au chronogramme fixé conjointement par le Cnrd et la Cedeao. Mais cela risque de ne pas être respectée. Elle pourrait donc connaitre un glissement, à cause du coût trop salé du retour à l’ordre constitutionnel.
Sur un budget global de 600 millions USD, les autorités de la transition guinéenne affirme n’avoir mobilisé que 6,67% du montant. Un véritable défi financier. Pour y faire face, l’Etat Guinée compte sur ses partenaires notamment la Cedeao dont il ne cesse de rappeler l’engagement qui peine à se concrétiser. «Comme vous savez, nous avons signé un accord avec la Cedeao et il est expressément mentionné que la Cedeao doit venir en appui pour que les partenaires puissent nous accompagner à financer cette transition», a déclaré le Premier ministre, Bernard Goumou, interrogé par TV5 Monde.
A la question de savoir si la somme globale n’est pas mobilisée, si un glissement du calendrier de la transition est-il envisagé, le chef du gouvernement a nuancé en ces termes : «Pour le moment, nous ne sommes encore là. Dans tous ses discours, le chef de l’Etat a prôné que nous devrons arriver à terme de cette transition. La Guinée a fait sa part en signant le chronogramme de transition avec la Cedeao qui s’était engagée à accompagner la Guinée sur le plan technique et financier. Nous ne sommes pas encore là. Nous sommes dans la dynamique de mobilisation de fonds et nous restons positifs. Nous sommes rassurés et sûrs que les partenaires accompagneront la Guinée pour que cette transition puisse être réussie et apaisée».
Au cours d’une conférence de presse au sortir du Conseil des ministres, le 9 février 2023, le porte-parole du gouvernement avait affirmé que le chef de junte tenait au respect du chronogramme de 24 mois, accepté par la Cedeao. Ousmane Gaoual Diallo avait alors souligné que colonel Mamadi Doumbouya ne voulait pas “passer un jour de plus à l’issue des 24 mois de la transition. Que le gouvernement se prépare à ça. Il a donné sa parole au peuple de Guinée et il ne reviendra pas là-dessus. S’il y a un jour de plus, c’est quelqu’un d’autre qui devra la conduire. Voilà ce qu’il nous exhorte à dire à la communauté nationale et internationale».
Cette déclaration n’a toutefois pas convaincu les acteurs politiques membres des Forces vives qui dénoncent “le manque de visibilité et de lisibilité” de la conduite de la transition et soupçonnent le Cnrd de nourrir des velléités de s’éterniser au pouvoir.
Par Abdoul Malick Diallo