Le procès très attendu des deux commissaires de la Haute autorité de la communication (HAC), Djènè Diaby et Ibrahima Tawel Camara, s’est ouvert ce mercredi au tribunal de première instance de Kaloum. Les deux accusés ont plaidé coupable des faits de “diffamation contre le chef de l’État” qui leur sont reprochés.
Lors de l’ouverture de l’audience, c’est le commissaire Ibrahima Tawel Camara qui a pris la parole en premier pour expliquer les circonstances de l’incident ayant conduit aux accusations. « C’est dans la phase des questions et réponses de la conférence de presse que nous avons organisée lors de notre tournée à l’intérieur du pays, pour une mission de sensibilisation visant à faire respecter l’éthique et la déontologie du métier, qu’il y a eu un dérapage », a-t-il déclaré.
Il a ensuite détaillé les circonstances de la diffusion des propos incriminés : « Nous ignorions que nous étions retransmis en direct par certains sites en ligne, notamment Guineematin.com. Ils ne nous ont pas informés que nous étions en direct. À notre arrivée à la HAC, Guineematin.com a été le premier média que nous avons sanctionné pour avoir fait un direct pendant les élections. Depuis lors, ils semblaient chercher à tout prix une faille dans nos actions. De plus, les personnes qui ont réalisé ce reportage n’étaient pas parmi les médias invités. »
Ibrahima Tawel Camara a également souligné que la conférence de presse avait dérapé à cause de questions envoyées par des journalistes qui n’avaient aucun rapport avec le message de sensibilisation de la mission. « Nous n’étions pas obligés de répondre, mais nous ne savions pas que nous étions en direct. Le travail d’un journaliste, même lors d’une interview, n’est pas de divulguer tout ce que son interlocuteur dit. Il doit faire un travail de tri. Tout ce qui a été dit n’était pas censé être divulgué. Parler n’est pas facile, surtout face aux journalistes », a-t-il expliqué à la barre.
Reconnaissant l’absence de preuves pour appuyer ses déclarations, Tawel Camara a admis : « Je ne peux pas apporter de preuves de mes déclarations. Je vous assure que cela a été une erreur de langage. Nous présentons des excuses à tout le monde, à commencer par le premier magistrat, le chef de l’État, les patrons de presse et même les citoyens. »
La commissaire Djènè Diaby a aussi reconnu qu’au cours de la conférence de presse qu’elle a tenu des propos graves, dans l’euphorie. Ajoutant qu’elle s’en est rendu compte qu’après : “quand j’ai compris que ce n’était pas bon, j’ai eu peur. Mais il était déjà trop tard. Mon nom était partout sur le net et les gens m’appelaient pour me dire qu’ils ont suivi nos propos dans la presse.
Je reconnais avoir dit que ‘ces gens-là sont des militaires, quiconque s’arrête devant eux même si c’est leurs propres mères ils vont le tuer’. J’ai dit aussi : ‘j’ai de la compassion pour les techniciens mais pas pour les patrons de presse qui sont allés prendre de l’argent au palais’. Mais honnêtement je n’ai aucune preuve de ce que j’ai dit. Franchement je me demande qu’est-ce qui m’avait pris à tenir ces propos ? C’est dans l’euphorie que j’ai tenu ces propos parce que naturellement j’ai le sang chaud. J’ai honte de ce que j’ai dit. Je regrette d’avoir tenu ces propos et demande pardon.”
L’audience a été renvoyée au 20 juin prochain pour les réquisitions et les plaidoiries.
Il faut rappeler que les deux commissaires ont accusé ouvertement le chef de l’Etat, le général Mamadi Doumbouya, d’avoir corrompu des patrons de presse lors d’une conférence de presse à Kankan.


