Le procès du colonel Bienvenu Lamah et de ses coaccusés s’est poursuivi ce jeudi 18 décembre 2025 devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. À la barre, l’officier a longuement expliqué les circonstances du déploiement des élèves gendarmes à Kaleya, tout en contestant certains éléments du dossier d’accusation.
Selon le colonel Lamah, les recrutements des élèves gendarmes se sont faits en plusieurs vagues, réparties dans différents centres de formation. Il a notamment cité Siam et Kaleya, rejetant l’affirmation selon laquelle 250 éléments auraient été mobilisés à partir de ces sites. « C’est là la faiblesse du dossier », a-t-il soutenu, estimant que les chiffres avancés ne correspondent pas à la réalité des faits.
Revenant sur son parcours, Bienvenu Lamah a indiqué être entré à l’École des officiers en 2003, avant d’intégrer l’État-major de la Gendarmerie nationale à sa sortie en 2006. Il a rappelé avoir suivi un cours d’application à l’École nationale de gendarmerie de Sonfonia, achevé en décembre 2007, avec une moyenne de 16,20, formation appuyée par la coopération militaire française. Ces différentes formations, a-t-il précisé, lui ont valu d’être retenu comme instructeur dans les écoles de gendarmerie.
Pourquoi Kaleya ?
S’agissant de Kaleya, le colonel Lamah a expliqué que le centre a été choisi en raison de l’insuffisance de capacités d’accueil de l’École nationale de gendarmerie face à un effectif de 3 985 élèves gendarmes recrutés à l’époque. Ancienne base de vie des réfugiés libériens, Kaleya a été réhabilitée pour servir de deuxième école de gendarmerie, a-t-il indiqué.
Par décision de l’État-major, Bienvenu Lamah a été désigné instructeur à Kaleya, avec une prise de service effective le 27 juin 2008. La rentrée officielle de l’école est intervenue le 7 juillet 2008, marquée par l’arrivée progressive des élèves, dont 300 femmes dès le premier jour.
Encadrement et situation administrative des élèves
La formation, selon l’officier, était assurée par des gendarmes guinéens, avec l’appui de coopérants militaires français, notamment en matière de maintien de l’ordre. Il a toutefois relevé que la situation administrative des élèves gendarmes n’était pas réglée au moment du décès du président Lansana Conté, en décembre 2008. « Ils n’étaient ni immatriculés, ni soldés, et ne disposaient pas d’arrêtés d’incorporation », a-t-il déclaré.
Départ en formation et nouveaux recrutements
Désigné pour une formation de commandant d’escadron au Cameroun, le colonel Lamah a quitté la Guinée le 22 février 2009 et est revenu à Conakry le 30 mars 2009, après avoir obtenu son diplôme. Selon lui, de nouveaux recrutements sont intervenus pendant son absence, certains éléments étant orientés vers Kaleya, puis vers d’autres centres en raison du manque de place, avec l’instauration d’une période de quarantaine avant le début effectif de la formation.
Les débats se poursuivent devant le tribunal, dans un dossier présenté comme l’un des prolongements judiciaires du massacre du 28 septembre 2009, déjà soldé par la condamnation de plusieurs officiers de haut rang.
