Mamadou Ciré Diallo, juriste de profession est l’une des victimes ayant comparu, ce mercredi 18 octobre 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, dans le cadre du procès lié au massacre du 28 septembre 2009.
De Dixinn terrasse à l’intérieur du stade jusqu’à l’arrivée des leaders des forces vives, Ciré dit avoir été témoin de choses horribles. Quand les tirs ont commencé, la victime explique avoir tenté de se sauver avec d’autres manifestants, malheureusement il a été atteint par une balle. «J’ai remarqué quelque chose. Les fusils qu’ils détenaient, 99% avaient des bandeaux rouges sur les canaux», a-t-il expliqué.
En voulant sortir du stade pour rejoindre l’autoroute, Ciré Diallo affirme avoir aperçu un groupe de femmes complètement nues qui étaient toutes en larmes. «Elles étaient arrêtées, elles pleuraient. Un militaire nous a intimés de mettre les mains sur la tête. Il nous a fouillés et a pris nos téléphones, notre argent avant de nous donner des coups de pied (…) On est rentré vers la SIG Madina. Une femme nous a fait entrer dans la toilette pour nous cacher. Elle nous a donné de l’eau. Quand j’ai pris le gobelet, je n’ai pas pu avaler. Ensuite, la dame nous a dit de sortir parce qu’il y avait des patrouilles dans le quartier. De là-bas, nous avons continué notre chemin jusqu’à Madina. Là aussi, il y avait des agents qui patrouillaient. Une dame nous a fait entrer dans un magasin. À l’intérieur, un jeune avec qui j’étais m’a fait constater qu’il y a du sang sur mon épaule. J’ai regardé, j’ai dit alors là, il faut que je rentre à la maison. Quand je suis sortie pour rentrer, quelques mètres après, je vois un ami qui a vu que je saignais, il m’a fait rentrer chez eux. Il y avait un de ses frères qui est médecin, qui a dit sûrement tu as reçu une balle. J’ai demandé à ce qu’on m’aide à rentrer, ils ont négocié avec quelqu’un qui a voulu me déposer. Mais, arrivé à un niveau, il m’a dit qu’il ne pouvait pas continuer parce qu’il y avait trop de militaires sur la route, il m’a laissé au niveau du carrefour de Donka».
La victime Mamadou Ciré Diallo dit s’être retrouvée plus tard en soin intensif à l’hôpital Donka par le biais d’un de ses amis médecin, grâce à qui, il a pu rentrer en contact avec sa famille. Dans le cadre des enquêtes sur le massacre du 28 septembre 2009, il a été entendu sur procès-verbal par la commission d’enquête mise en place par la communauté internationale.