L’histoire de Pascal Feindouno révèle un talent naturel éblouissant qui a su faire l’unanimité sans même gravir les plus hauts échelons du football européen. Entre moments de génie sur le terrain et choix de carrière parfois déconcertants, plongeons dans la vie de celui qui demeure, à ce jour, le plus grand joueur guinéen de tous les temps.
Des débuts éclatants…
Né dans la capitale guinéenne le 27 février 1981, Pascal Feindouno entame son voyage footballistique au pays avant de rejoindre la France dès son jeune âge. Bien que son essai concluant au RC Lens le place sur la trajectoire du succès, c’est finalement à Bordeaux qu’il fera ses premiers pas dans le monde professionnel. Une étape mémorable où il contribue à la victoire du titre de champion de France en 1999, en inscrivant le but décisif contre le PSG (3-2, score final).
Malgré un début prometteur, Pascal ne dispute que trois matchs avec les Girondins. Il choisit ensuite de s’immerger dans l’univers de la Ligue 1 en rejoignant Lorient, guidé par les conseils d’Élie Baup, devenu son mentor. Chez les Merlus, il remporte la Coupe de France en 2002 et termine la saison avec six buts. À l’issue de la saison 2001-2002, il revient à Bordeaux avec un statut revigoré.
L’âge d’Or…
Pascal Feindouno ne cesse de se développer et nourrit des aspirations au-delà de la Gironde. Durant la saison 2003-2004, il est prêté avec option d’achat à l’AS Saint-Étienne, alors dirigée par Élie Baup. L’histoire s’écrit magnifiquement, et le milieu de terrain guinéen inscrit 13 buts en 36 matchs, établissant son record personnel. Sa contribution est déterminante pour le promu stéphanois qui finit à une admirable 6e place.
Sa saison suivante, 2004-2005, est plus difficile, mais il retrouve son élan par la suite. Bien que le départ d’Élie Baup le prive de son entraîneur emblématique, il retrouve une influence accrue au sein d’une équipe plus séduisante. La preuve, il inscrit neuf buts en 30 matchs lors de la saison 2005-2006.
Un adieu à l’Europe …
L’année 2007 s’avère un tournant dans sa carrière. Malgré l’intérêt de clubs plus compétitifs que l’ASSE sur la scène européenne, et tandis que le public attend avec impatience de le voir évoluer à un niveau supérieur, Pascal, surnommé “Pasky”, prolonge d’abord son contrat avec Saint-Étienne pour trois saisons supplémentaires. Cependant, l’année suivante, il opte finalement pour l’exil au Qatar, attiré par une offre conséquente et un salaire annuel net de 2,5 millions d’euros.
Le “Zidane Black”, qui semblait destiné à briller dans un grand club européen, finit par s’établir à Al Saad, après avoir résisté à des offres d’Al-Hilal (Arabie saoudite) et d’Al-Aïn (Émirats arabes unis). Pour Saint-Étienne, il totalise tout de même 138 matchs de championnat pour 34 buts, marquant ainsi un jalon majeur dans sa carrière en club.
La suite de sa carrière se dessine alors comme une série de voyages touristiques, parsemée de souvenirs tantôt positifs, tantôt moins glorieux. D’Al-Rayyan (Qatar) à Al Nasr Riyad (Arabie saoudite), en passant par une brève escale de six mois à l’AS Monaco (France), au FC Sion (Suisse), à Elazigspor (Turquie) et jusqu’à son malaise cardiaque avec le FC Lausanne (Suisse), l’avenir devient moins prévisible.
Ce triste événement annonce la fin de carrière d’un joueur qui a suscité admiration et émerveillement grâce à son jeu créatif et spectaculaire, marqué par des moments de pure magie sur le terrain.
Prince au pays …
Avec l’équipe nationale guinéenne, le Syli National, Pascal n’a peut-être pas remporté de titres, mais il a indiscutablement gagné le respect sur la scène internationale. Il a brillé dans quatre Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en particulier lors de celle de 2006, où il a marqué quatre buts et a fini à seulement un but du meilleur buteur de la compétition, Samuel Eto’o. Ses performances exceptionnelles lui ont valu une place dans l’équipe-type du tournoi.
Au total, avec la sélection guinéenne, Feindouno a joué 93 matchs et marqué 30 buts entre 1999 et 2012, ce qui fait de lui le meilleur buteur de l’histoire du Syli National.
Un roi sans couronne …
Pascal Feindouno sera rappelé non seulement pour son côté décontracté, mais aussi pour son penchant marqué pour la fête. Sa passion pour la vie nocturne a parfois entravé sa carrière, comme l’a raconté Piquionne au journal L’Équipe : « Il a manqué une grande carrière à cause de son image de fêtard, mais en même temps, il était impossible de lui demander une discipline de vie exemplaire. Une fois, il s’est présenté à une séance de récupération habillé comme la veille, sauf qu’il n’avait plus de lacets à ses chaussures… On a deviné qu’il était passé par la “cellule de dégrisement”. »
Pascal diffusait la bonne humeur et la joie de vivre contagieuses, et sur le terrain, sa classe et ses gestes exceptionnels, dignes de Jay-Jay Okocha, le démarquaient du reste des footballeurs. Cependant, il n’a jamais réussi à atteindre le niveau correspondant à son génie. Comme le confirme récemment Bafétimbi Gomis sur RMC Sport : « J’ai joué avec de grands joueurs. Karim Benzema, Ribéry… beaucoup, mais ils ont eu une carrière à la hauteur de leur talent. C’est vrai que Pascal n’a pas exploité son talent pour diverses raisons. C’est quelque chose qu’il pourrait se demander un jour s’il a des regrets. C’est vraiment quelqu’un d’exceptionnel, tant sur le plan humain que footballistique. J’ai vu des prouesses à l’entraînement que je n’ai peut-être, voire jamais, vues. Son agilité, la souplesse de sa cheville, c’était incroyable. » Gomis, qui a terminé troisième meilleur buteur de Ligue 1 en 2008 avec 16 buts, a largement bénéficié de la générosité de son meneur guinéen.
Un autre nom prestigieux du football européen, Blaise Matuidi, a dressé un portrait élogieux de Pasky : « Lui, c’était l’artiste. Un véritable virtuose du ballon, aussi imprévisible qu’insaisissable. Objectivement, il est probablement le joueur le plus technique avec lequel j’ai joué, même si j’en ai croisé plusieurs à Paris et avec les Bleus. C’est dire à quel point il était phénoménal. Quand il s’amusait avec le ballon à l’entraînement, j’avais l’impression d’assister à un spectacle de magie. Il restera l’un des footballeurs qui m’aura le plus marqué dans ma carrière. Si Pascal avait réussi à mieux maîtriser son énergie et ses envies, lui qui était aussi un bon vivant, je suis convaincu qu’il aurait porté les couleurs d’un ou plusieurs des plus grands clubs du monde ». Cette déclaration de Matuidi est extraite de sa biographie “Au bout de mes rêves“.
Ces témoignages sont nombreux parmi ses coéquipiers en sélection, reflétant l’empreinte laissée par le footballeur, bien que peut-être moins révélateurs de la personne qu’il était…
Palmarès :
🔘 Champion de France avec Bordeaux en 1999
🔘 Coupe de France avec le FC Lorient en 2002.