Située à Conakry, la décharge de Dar-es-Salam est le plus grand dépotoir d’ordures de la ville, recevant une grande partie des déchets ménagers et industriels. En cette saison hivernale, les pluies torrentielles aggravent une situation déjà critique pour les habitants, qui vivent dans des conditions insalubres et dangereuses.
Le constat sur le terrain est accablant. La décharge, désormais une montagne de plusieurs mètres de haut, surplombe le quartier, imposante et menaçante. Les amas de déchets, mélangés à l’eau de pluie, forment de véritables ruisseaux pollués qui envahissent les rues et les maisons des riverains. Une odeur nauséabonde envahit l’atmosphère, rendant l’air presque irrespirable. Les moustiques prolifèrent autour des flaques d’eau stagnante.
Alya Camara, commerçant et résident de Dar-es-Salam, raconte avec désarroi comment chaque nouvelle pluie transforme la décharge en une menace directe pour les foyers. « La semaine dernière, l’eau a emporté un de mes enfants après avoir détruit nos murs. Heureusement, il a été retrouvé sain et sauf », témoigne-t-il, épuisé. Les habitants, confrontés à l’envahissement des eaux polluées, vivent dans une insécurité permanente. « Je ne dors presque plus la nuit pour surveiller. Tout peut arriver avec ces fortes pluies », confie-t-il.
Salematou Sylla, une autre habitante, souligne les conséquences sanitaires graves. « Les moustiques nous fatiguent, et personne n’est à l’abri ici. Même nos forages sont pollués par l’eau provenant de la décharge », explique-t-elle.
Cette situation insoutenable pousse de nombreux habitants à quitter la zone. « Beaucoup ont fui à cause des conditions. Ceux qui restent tombent souvent gravement malades », explique Aboubacar Yansané, un résident depuis 2011.
Vers une solution durable ?
Face à cette situation, les autorités guinéennes ont annoncé un projet de délocalisation de la décharge dans la préfecture de Coyah. Avec un financement de 70 millions d’euros, assuré par l’Union européenne et l’Agence Française de Développement (AFD), un centre d’enfouissement technique moderne est en cours de préparation. Selon Souleymane Traoré, assistant technique à la Direction générale de l’Agence nationale de l’assainissement public, la décharge de Daresalam reçoit actuellement 1 200 tonnes de déchets supplémentaires chaque jour.
Cependant, les habitants devront patienter encore plusieurs années avant de voir un véritable soulagement. «La mise en œuvre du projet est en bonne voie, avec l’objectif de rendre le premier casier opérationnel d’ici fin 2027 », précisait Souleymane Traoré, en août 2024. En attendant, la décharge continue de croître, augmentant les risques pour la santé et la sécurité des riverains. Il est donc urgent que les autorités guinéennes accélèrent ce projet pour sauver les habitants de Dar-es-Salam.