Le président de la transition a procédé récemment à la revalorisation des bourses d’entretien des étudiants, des policiers et des militaires stagiaires. Cet acte du chef de la junte au pouvoir en Guinée, aura un impact négatif sur les caisses de l’État en cette période de crise, selon Dr Alhassane Makanera Kaké.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé hier dimanche Dr Alhassane Makanera Kaké, a d’abord fait remarquer qu’augmenter le budget va dans le sens normal de la vie d’un État. Cependant, il a fait savoir que dans le budget de la Guinée pour l’année 2022, il y a un déficit d’à peu près, plus de 4000 milliards par rapport aux recettes. C’est-à-dire, explique notre interlocuteur, «il y’a une grande différence. Je vous dirai que le budget de la Guinée est le budget le plus faible de la sous-région, comparativement aux pays aux revenus comparables.»
Pour ce faire, l’universitaire estime qu’il faut d’abord rechercher les sources de financement pour faire face au déficit: «Est-ce que les sources de financement identifiées sont vraiment réelles, réalisables ? Est-ce que ces sources de financement ne peuvent pas grever sur le développement de la Guinée», s’est-il interrogé, en précisant qu’en réalité, 4000 milliards de déficit, c’est beaucoup pour un budget comme la Guinée.
Mais, dira-t-il, «si réellement on est en face d’une source de financement fiable, l’augmentation n’aura pas d’impact négatif sur l’économie, mais plutôt un impact positif parce que, cela permettra quelque part d’aider ces apprenants dans leur quête du savoir.»
Dr Makanera estime aussi que cette augmentation ne doit pas avoir un impact négatif sur les caisses de l’État si seulement, le déficit présenté peut être financé à travers des sources fiables.
«Dès qu’on a les 4000 milliards, on a pas de problèmes», cependant, poursuit-il, «là où il peut y avoir un impact négatif, c’est lorsqu’on procède à la création monétaire pour financer le déficit. Si vraiment le déficit est financé par la création monétaire, ça peut avoir un effet négatif sur l’économie qui peut ouvrir droit à une nouvelle inflation.»
À la question de savoir si cette augmentation ne pourrait pas pousser les enseignants aussi à demander une autorisation salariale, notre interlocuteur a laissé entendre que cela ne sera pas surprenant suite à cette revalorisation des bourses d’entretien des étudiants.
«C’est tout à fait normal qu’on leur accorde parce que il est très difficile qu’un enseignant puisse très bien donner les cours, s’il se demande comment ses enfants vont pouvoir manger leur repas de midi. Si je pense à cela, je vais bâcler la formation», a démontré monsieur Makanera.
Aux autorités de la transition, l’économiste leur demande de bien gérer le budget. Il leur demande aussi de s’assurer que toutes les recettes publiques, sont comptabilisées, «parce qu’en Guinée malheureusement, c’est une partie des recettes publiques sont comptabilisées, il faut mettre en œuvre tout un ensemble de mécanismes pour augmenter la pression fiscale, afin qu’on puisse avoir de l’argent au trésor. Si le CNRD ne fait pas cela, sur le plan budgétaire, il va se comporter comme les gouvernements précédents et il aura les résultats qu’ont obtenu les autres gouvernements.»