Des entrepreneurs libanais basés en Guinée s’accusent de détournement et décident de porter l’affaire devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il s’agit d’Ali Farez, Fawaz et Ali Jichi, qui gèrent ensemble l’entreprise Electromatic-Guinée.
Le conflit opposant ces trois Libanais remonte à la fin de l’année 2021. Ali Farez et Fawaz accusent Ali Jichi de détournement de 20 milliards GNF, de 400 mille USD et de 450 mille euros.
Lors d’une audience tenue à la CRIEF dans la soirée du lundi 13 février 2023, les avocats de la défense d’Ali Jichi ont fait savoir que cette affaire est déjà pendante au niveau du tribunal du commerce de Conakry et que cette juridiction a même commis un expert pour évaluer la santé financière de l’entreprise. La défense se dit étonnée de voir que la CRIEF ouvre des débats dans ce dossier alors que l’expert commis par le tribunal de commerce de Conakry n’a pas rendu son rapport définitif. Vu que c’est seulement le rapport provisoire qui a été communiqué aux différentes parties, la défense a sollicité un sursis de la CRIEF en attendant le rapport définitif de l’expert. Mais la partie civile a estimé que l’affaire devant la CRIEF est pénale alors celle dont le tribunal de commerce est purement commerciale.
Le juge a mis la décision sur la demande des avocats d’Ali Jichi en délibéré et a renvoyé l’affaire au lundi 20 février 2023.
Au sortir de cette audience, les avocats d’Ali Farez et de Fawaz n’ont pas souhaité s’exprimer sur le dossier. Mais Me Dinah Sampil, conseil d’Ali Jichi a donné quelques explications :
«Il faut peut-être replacer les débats dans leur contexte. C’est un conflit qui oppose des associés d’une société d’une part et une partie des associés aux gérants de la société. Alors la dégradation de leurs relations d’associés a fait prendre une décision par deux des trois associés de changer le gérant. Celui-ci a estimé qu’en partant il faut que la situation soit faite sur sa gestion et sur les comptes. Pendant qu’on est sur ça, on le traîne ici pour abus de confiance, vol, détournement des biens de la société. Nous, nous avons posé la question de savoir est-ce que cette cour peut statuer sans que les faits constitutifs de ces infractions-là soient établis. Nous avons estimé, puisqu’une expertise est ordonnée, il faut attendre le rapport de cette expertise pour savoir est-ce qu’il va révéler des faits constitutifs ou non. Alors c’est ce tiraillement qui nous a amené jusqu’à 21 heures et quelque comme ça ce soir sans que personne n’ait pu accepter les dires de l’autre et que finalement le tribunal ait mis la question en délibéré pour décision être rendue le lundi prochain.
La santé financière, c’est une expression consacrée, ça veut dire est-ce que la société n’est pas aux abords de la faillite. Donc, quand un gérant doit changer au profit d’un second, il faut faire l’état des lieux comme on le dit couramment arrêter les comptes, connaître le stock en magasin et les créances que la société a envers les clients ou les dettes que la société a à l’égard de ses fournisseurs. Ensuite, pour que la gestion du gérant qui doit quitter soit examinée au point de vue clarté, au point de vue régularité. Donc, c’est tout cela qui est confié à l’expert désigné. C’est à la demande des deux parties. Donc, cet expert est désigné, il est en train de travailler, il n’a pas fini pourquoi on se précipiter pour venir porter plainte pour détournement? C’est ce qu’on n’a pas compris. Ou alors on redoute des résultats de l’expert au point que les infractions invoquées ne seraient pas fondées et mettre les charrues avant les bœufs, emmener très vite le tribunal à le condamner quand bien même après l’expertise, le rapport révèlerait autre chose. Toute chose qui n’est pas de nature à crédibiliser les décisions de justice.
Les coassociés, c’est Monsieur Ali Farez et M. Fawaz plus lui M. Ali Zissy. C’est Monsieur Fawaz qui est venu pour prendre la place de M. Ali Jichi comme gérant. Il a déjà commencé à gérer depuis quelques mois avant qu’on ne fasse l’inventaire. Mais puisque M. Ali, dès qu’il a été question de son départ, a fait arrêter les comptes, il a signé et donc l’expert désigné va prendre l’examen de sa gestion jusqu’à cette date-là à laquelle celle de M. Fawaz commencerait.Nous estimons que le fait qui peut être qualifié de détournement n’est pas établi, seul l’expert peut l’établir et le juge ne fera que qualifier.»