Âgé de 21 ans, Ousmane Bah fait partie des jeunes qui ont trouvé la mort, en marge de la manifestation des forces vives de Guinée, hier mercredi 10 mai 2023, à Noussouroulaye dans la commune de Ratoma. Ses parents réclament justice.
Ibrahima Bah, est le cousin de la victime. Il revient sur les circonstances de la mort du jeune Ousmane Bah.
« Chaque manifestation du FNDC ou les Forces vives, notre quartier Nassouroulaye 2, est pris au piège. C’est-à-dire à tout moment qu’il y a une manifestation, il y a descente musclée des forces de l’ordre mixtes. Hier, vers 13 h, on était tous là dans le kiosque d’à côté, chez nous, quand 3 pick-ups de gendarmes (GIPGN) sont venus brusquement dans notre quartier.
Tout le monde a pris la fuite, mais moi, je n’ai pas pu fuir, il y avait mon frère qui vendait du café. Je lui ai dit de ne pas fuir parce que nous sommes chez nous, on ne va pas fuir. Ils sont venus jusqu’à notre niveau, ils ont ralenti, après ils ont continué leur chemin vers le terrain. Lorsqu’ils sont venus, il y a eu une partie qui avait fui vers le terrain et d’autres qui étaient entrés dans les concessions. Arrivés au niveau du terrain, il y a l’un des pick-ups qui a garé. Du côté escroc (passager), il y a un gendarme qui est sorti, il a fait une rafale sur la foule qui était sur le terrain, après ils ont continué leur chemin vers le carrefour Cosa. Quelques minutes plus tard, on a entendu des cris qui viennent vers chez nous, des enfants qui venaient en pleurant en disant: ils ont tiré sur Bah Ousmane. Tout le monde s’est dirigé vers le train, arrivés sur les lieux, j’ai trouvé qu’ils avaient déjà transporté mon jeune frère à l’hôpital. Je me suis retourné, j’ai pris la moto pour aller là où on l’a emmené, chez Dr Taibata. Arrivé là-bas, les médecins m’ont dit qu’il y a eu plus de 4 blessés par balle qui sont là-bas. Mais qu’il y a eu un cas de mort, après j’ai dit au médecin de me montrer le corps. On s’est dirigé vers le corps, j’ai vu mon petit frère allongé, c’était bien lui, Ousmane Bah.
Finalement, c’est moi qui ai pris la moto pour aller chercher 2 taxis parce qu’il y avait un petit là-bas (à la clinique) qui était blessé par le pick-up, il était dans un état très critique. Un taxi pour le petit blessé et l’autre pour les deux victimes (la seconde Thierno Ousmane Diallo). On est partis à Ignace Deen ».
Mariama Bah est la mère du jeune mécanicien, Ousmane Bah. Elle implore le Tout-puissant pour que justice soit rendue : « c’est sa grande sœur qui m’a appelé vers 15 heures pour me dire qu’ils ont tiré sur lui alors qu’il était devant notre porte. Je demande à l’État si c’est comme ça maintenant le pays est géré ? Ils ont fini de tuer tous nos enfants. Nous ne pardonerons jamais aux auteurs de ces crimes que Dieu rende justice.»
Moussa Bella Bah, père de Ousmane Bah, dit avoir appris le décès de son fils alors qu’il était dans sa pépinière à Dubreka.
« C’est son frère qui m’a appelé pour m’informer qu’il a été tué par balle. Ousmane Bah était un fils qui me respectait beaucoup. S’il faisait partie des manifestants, on pouvait l’arrêter et le mettre à la disposition de la justice. Cela n’a pas été le cas. Ils l’on trouvé chez lui et ils l’ont tué, je ne les pardonne pas. Je souhaite que la justice joue son rôle », réclame le père.
Le corps de Ousmane Bah est toujours à la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Ses parents ont tout fait pour le récupérer afin de l’enterrer mais pour le moment les médecins n’ont pas accepté. Ils disent être à l’écoute des autorités pour la décision qui sera prise à cet effet.
En marge de cette manifestation, 7 jeunes Guinéens ont perdu la vie, plusieurs autres ont été gravement blessés, selon les organisateurs. Pour l’heure, aucune communication de la part des autorités guinéennes relative à cette situation.