Le président du Parti Pades s’exprime sur les manifestations du 13 janvier, soupçonne la Ceni de vouloir octroyer deux tiers des députés à la mouvance présidentielle. Dr Ousmane Kaba dénonce également les violences survenues à Kankan le 6 janvier ayant entraîné la destruction du siège de l’Ufdg et le pillage des boutiques et magasins. Entretien.
Guinee360.com: Le Fndc appelle à des manifestations dans tout le pays à partir du 13 janvier. Quels sont les enjeux?
Dr Ousmane Kaba: Franchement, je n’en sait rien. Ce que je sais, nous avons suffisamment marché et que les jeunes en civile ont marre. On a donc décidé que chaque parti politique, chaque syndicat ou organisation de la Société manifeste comme il le souhaite dans son quartier. Le seul mot d’ordre c’est que chacun fait ce qu’il veut.
Cela ne risque-t-il pas de provoquer de troubles?
Je n’en sait absolument rien.
Que prévoit de faire le Pades?
Nous ne nous sommes pas encore réunis. Quand nous allons nous réunir, nous verrons quel type de manifestation pacifique nous allons organiser.
Certains membres du Fndc ont déclaré que la marche de l’ultimatum du 6 janvier était la dernière manifestation pacifique du front. Qu’en pensez vous?
Chacun est responsable de ses propres propos.
Donc , vous ne les partagez pas?
Nous sommes un conglomérat avec des partis politiques, des organisations syndicales et de la Societe civile. Chacun a ses moyens de lutte. En ce qui concerne le Pades, on n’a pas encore décidé.
L’opposition a décidé d’empêcher les élections législatives du 16 février. Comment comptez vous le faire?
Nous avons estimé que la Ceni a été irresponsable. Il y a eu de renseignement de mineurs un peu partout et de machines qui sont tombées en panne.
Le président de la Ceni avait promis que les mineurs vont être extirpés du fichier?
Il n’y a aucun logiciel aujourd’hui qui permettrait de faire de la discrimination basée sur le visage. Pour ce qui de la reconnaissance faciale, les logiciels sont pour le moment balbutiants. C’est des prémices pour nous que la Ceni est prête à faire n’importe quoi pour permettre la majorité présidentielle d’avoir les deux tiers des députés à l’Assemblée nationale afin de satisfaire l’exigence d’un 3e mandat. C’est à partir de là que nous avons pris la décision en tant que Pades de ne pas aller aux élections. En tant que Fndc, nous avons posé des conditions pour participer à savoir: un fichier assaini, le renoncement au 3e mandat et une Ceni responsable.
La Ceni a publié la liste des partis politiques retenus pour les législatives. Quel moyen allez vous utiliser pour empêcher le scrutin?
Je n’en sait absolument rien pour le moment. Nous devons nous retrouver pour voir les modalités de notre manifestation pacifique.
Des violences ont été enregistrées à Kankan où le siège de l’Ufdg a été détruit.
Quelle est votre réaction?
J’ai fermement condamné les violences survenues à Kankan. J’ai même estimé que les fauteurs de trouble veulent créer la division entre les Guinéens et même arriver à une guerre ethnique dans le pays. Ce qui est peine perdue parce que le même jour j’ai expliqué la position du parti Pades à savoir que cette ville a été fondée sur la bonne cohabitation entre tous les habitants. Au 18e siècle, l’un des grands érudits de la ville, Bemba Alpha Kabinet avait jeté les fondement de la cohabitation pacifique à Kankan. C’est à partir de là qu’on a appelé Nabaya. A partir de là, on ne peut pas accepter que de voyous manipulés de ne je ne sais par qui pour aller s’attaquer à des paisibles citoyens. Non seulement, ils ont attaqué le siège de l’Ufdg, mais aussi les boutiques de gens. C’est inacceptable. Je rappelle que cela a commencé par l’attaque du siège de Pades. Puis, ils ont attaqué le siège de l’Ufr. Nous avions fait des plaintes au tribunal de Kankan, mais il n’y a eu aucune suite jusqu’à présent. C’est à cause de cette impunité qu’ils se sont permis d’attaquer le siège de l’Ufdg et les boutiques des paisibles citoyens. C’est très grave parce que ca met en péril la cohésion sociale.
Est ce que cela n’est pas la conséquence du discours du chef de l’État qui avait parlé de “fils de Kankan qui ont rejoint l’ennemi?
Moi, je ne connais pas d’ennemi. Je n’ai que des frères et sœurs en Guinée. Tous les Guinéens sont libres de s’établir et de travailler dans toute l’étendue du territoire national.