La Guinée s’apprête à tourner la page de la transition militaire avec la présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Alors que la Cour suprême examine les dossiers de candidatures, un fait marquant retient l’attention : la présence confirmée de deux femmes parmi les postulants à la magistrature suprême.
Selon les dépôts enregistrés, Makalé Camara, présidente du Front pour l’alliance nationale (FAN), et Hawa Diané, du Rassemblement national pour la démocratie (RDN), figurent parmi les personnalités ayant officiellement déclaré leur intention de concourir. Elles rejoignent ainsi une courte liste de femmes qui, au fil des scrutins, ont bravé les obstacles d’un paysage politique largement dominé par les hommes.
Une progression lente mais constante
Depuis la présidentielle de 2010, la participation féminine reste marginale mais symboliquement importante.
En 2010, Hadja Saran Daraba Kaba, présidente de la Convention démocratique panafricaine, avait marqué l’histoire en devenant la première femme candidate à la présidence en Guinée. Unique représentante féminine parmi 24 concurrents, elle avait obtenu 0,38 % des suffrages.
En 2015, une seule femme, Marie Madeleine Dioubaté, du Parti des Écologistes de Guinée (PEG), avait tenté sa chance. Elle terminait dernière sur huit candidats, avec 0,33 % des voix.
En 2020, la scène politique guinéenne a connu une légère amélioration : deux femmes — Makalé Camara (FAN) et Makalé Traoré (PACT) — ont pris part à l’élection sur douze candidatures validées. Elles ont respectivement obtenu 0,73 % et 0,72 % des voix.
2025 : vers un tournant ?
La présidentielle de 2025 pourrait ainsi marquer une nouvelle étape dans la visibilité politique des femmes guinéennes. Avec au moins deux candidates déjà en lice, le pays confirme une dynamique lente mais réelle d’ouverture.
Si le général Mamadi Doumbouya, actuel président de la transition, figure parmi les prétendants les plus en vue, la participation de femmes à ce scrutin demeure un signal fort pour la représentativité et l’égalité des chances en politique.
Au-delà du nombre de candidates, la question centrale reste celle de l’accès effectif des femmes aux instances décisionnelles et de leur capacité à influencer le débat national. Dans un contexte où les conditions de candidature — notamment le montant de la caution électorale (900 millions GNF) — représentent un frein considérable, la détermination de ces femmes illustre une volonté de briser les barrières structurelles et culturelles.
À l’approche du scrutin, tous les regards sont donc tournés vers la Cour suprême, qui doit valider la liste définitive des candidats. Quelle que soit l’issue, la présidentielle de 2025 s’annonce déjà comme un moment clé pour la participation féminine en Guinée, entre héritage historique et nouveaux défis.


