Cette échéance électorale censée être intangible reste à ce jour une énigme. Irons-nous ou pas dans les délais constitutionnels à l’élection présidentielle en 2020 ?
En effet dans le Titre III, article 28 :
«Le scrutin pour l’élection du président de la République a lieu quatre vingt dix jours au plus et soixante jours au moins avant la date de l’expiration du mandat du président de la République en fonction.
Le président de la République fixe le jour du scrutin au moins soixante jours avant celui-ci.
S’il y a lieu de procéder à un deuxième tour de scrutin, celui-ci est fixé au quatorzième jour après la proclamation des résultats définitifs du premier tour.»
Donc, si la constitution est respectée, l’élection pour la présidentielle en 2020 devrait être fixée entre le 21 septembre et 21 octobre 2020. Ce qui implique qu’en 13 mois, la Ceni devra avoir assaini le fichier électoral, et le gouvernement avoir trouvé les moyens financiers pour commander tout le matériel nécessaire et le reste des ressources humaines.
Mais avec la polémique sur la tentative de toucher à la constitution par le RPG et la Mouvance, et les législatives non encore organisées, est-ce qu’il n’y a pas un sérieux risque de glissement du calendrier électoral en 2020? Très possible !
Cela dit, pour ma part, je pense que sauf contrainte extrême sur le gouvernement, la présidentielle n’aura pas lieu en 2020. Trois scénarios/scenarii possibles selon moi :
-Premier, M.i Alpha Condé réussit son exploit d’imposer son « referendum », et dans ce cas cette date constitutionnelle de la présidentielle de 2020 devient caduque puisque la constitution est suspendue de facto et elle n’est plus en vigueur ; car elle est remplacée en entier. C’est l’option de rêve du RPG.
– Second, il y a une crise majeure qui empêche la tentative de «referendum», et dans ce cas le RPG fera tout pour qu’en septembre 2020, la Ceni n’ait pas encore assaini la liste électorale donnant ainsi plus d’un million de voix au RPG. Le financement des élections, le contentieux électoral concernant les élections locales et les législatives non-organisées donnent des outils tactiques au Pouvoir pour paralyser tout le processus dans ce sens. Et dans ce cas, même si M. Alpha Condé respecte la constitution et il n’est pas candidat, le RPG gardera le pouvoir, un pis-aller pour lui.
– Et enfin, si M. Alpha Condé ne réussit pas ces deux options tant le peuple et la communauté internationale sont braqués à faire respecter la constitution, il pourrait tout simplement opter pour le «scénario Joseph Kabila» en utilisant les outils mentionnés plus haut. Il a tous les moyens régaliens de l’État et les complicités nécessaires au niveau du Pouvoir judiciaire pour bloquer tout le processus vers un «glissement constitutionnel», comme il a réussi à le faire pour les législatives. M. Alpha Condé a besoin d’au moins deux ans de plus pour préparer son départ qui est arrivé sans qu’il ne réalise.
En bref, avec le statu quo, tout devra se décider au plus tard en octobre 2019 pour M. Alpha Condé pour qu’il choisisse une des options. Vu la fébrilité et les tergiversations de l’opposition et de la société civile, il est probable que l’élection présidentielle n’ait pas lieu en 2020. Et il y a trop d’intrigues et de manœuvres politiciennes pour pouvoir prédire avec certitude ou probabilité quoi que ce soit et dire entre Alpha Condé et nous, le peuple qui vaincra l’autre.
M. Alpha Condé, pour l’instant, reste maître du jeu ! Pour preuve, on attend qu’il se prononce pour agir. Or, il peut ne jamais se prononcer mais laisser les députés du RPG engager la procédure de « referendum » ; ou pire, il pourrait attendre septembre 2020 pour se prononcer, sachant que la crise qui va suivre rendra impossible la présidentielle de 2020.
Wait and see !
Tribune de Ibrahima Diallo – Ollaid.