La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a tenu une audience dans le cadre du dossier Electromatic-Guinée, le 4 mai 2023. Les parties en présence sont Ali FARES et Mohamed FAWAZ, qui poursuivent leur co-gérant, Ali Jichi, pour des présumés abus de confiance, vol et détournement portant sur une somme de 26 milliards de francs guinéens. Mais les plaignants ont brillé par leur absence.
Il est à noter que le mois précédent, l’audience avait été reportée à cette date afin que les plaignants comparaissent obligatoirement devant la cour, mais ils ont brillé par leur absence. La défense a avancé que M. FAWAZ était auprès de son épouse gravement malade.
Au cours de cette audience, Ali Jichi a de nouveau nié toutes les accusations portées contre lui et a expliqué que son père lui avait donné la somme en question pour sauver l’entreprise Electromatic-Guinée qui était en difficulté en 2013, année à laquelle il a rejoint la société. Il a affirmé avoir dirigé seul l’entreprise pendant la période où elle se portait bien et que ses co-gérants n’intervenaient qu’en fin d’année pour récupérer leurs pourcentages. Il a également ajouté que depuis son départ, la gestion de la société avait entraîné sa déchéance.
A la barre, il est revenu largement sur cette affaire:
“Tout a commencé en 2013, quand Electromatic-Guinée était au bord de la faillite, alors que l’entreprise avait été créée en 2012. Les actionnaires, Mohamed Fawaz et Ali Fares, sont des amis de mon père. Mon père m’a proposé de reprendre l’entreprise pour la redresser, mais j’avais initialement refusé car cela ne m’intéressait pas. Cependant, après l’insistance de mon père, j’ai finalement accepté de reprendre l’entreprise. À l’époque, l’entreprise était endettée à hauteur de plus de 700 000 dollars, dette appartenant à un des associés, M. Fares. C’était un défi que je devais relever, car l’entreprise avait un potentiel. Mon père m’a clairement montré les choses, c’est ainsi que j’ai repris l’entreprise en 2013.
C’était un dilemme car il fallait remonter l’entreprise, rembourser les dettes, etc. Elle était en faillite, avec plus de 700 000 dollars de dette, soit 7 milliards de francs guinéens à l’époque, et c’était un des associés, M. Ali Fares, qui était responsable de cette dette. L’entreprise n’avait quasiment pas d’actifs.
Je suis actionnaire de l’entreprise, qui est devenue une SARL en 2018, mais lors de ma reprise en 2013, elle était une société individuelle. Actuellement, mes associés ne contribuent pas au bon fonctionnement de l’entreprise, car le rapport de l’auditeur interne montre clairement que l’entreprise est en train de sombrer, avec une baisse de 30% du chiffre d’affaires en un an. J’ai clairement le sentiment qu’ils sont en train de faire disparaître l’entreprise tout en abusant eux-mêmes des biens de l’entreprise.”
L’auditeur interne qu’ils ont eux-mêmes choisi et fait venir du Liban était tenu de me transmettre le rapport d’audit interne de l’exercice 2022. C’est en voyant le rapport de l’exercice 2022 que j’ai été frappé par de nombreuses choses. Aujourd’hui, je suis très étonné que mes associés puissent m’accuser d’avoir fait du mal à l’entreprise.
L’un de mes associés, Ali FARES, s’était érigé en fournisseur de notre propre entreprise. J’en étais mécontent et il s’en est plaint à mon père. Mon père est venu me voir en colère, mais je lui ai expliqué que mon associé ne pouvait pas vendre des articles à notre entreprise à des prix élevés, surtout si les produits étaient de mauvaise qualité. J’ai dit que je ne pouvais pas acheter la marchandise à un prix élevé si elle n’en valait pas la peine.
J’ai expliqué à mon père que je ne pouvais pas faire fonctionner l’entreprise de cette façon, et il m’a compris. Cependant, mon associé s’est fâché et depuis, notre relation n’a plus été bonne. Ainsi, si je suis devant la crief aujourd’hui, c’est en grande partie pour toutes ces raisons. Il n’y avait plus d’entente entre nous et j’ai demandé à sortir de l’entreprise.Lorsque j’ai demandé à sortir de l’entreprise et que mes associés ont été sollicités pour racheter mes parts, ils ont commencé à trouver de faux problèmes. Partout où j’étais bon, je ne suis plus que mauvais, malgré tout ce que j’ai fait. Ainsi, ils cherchent simplement à me dénigrer parce qu’ils ne veulent pas payer pour mes parts.
Cependant, je suis heureux d’avoir obtenu ce rapport. Ce rapport en dit long sur ce que mes associés sont en train de faire actuellement. Il y a eu trois rapports dans cette affaire et toutes les copies ont été versées au dossier. L’un de ces rapports est en attente devant le tribunal de commerce, car j’ai demandé la réalisation d’un inventaire. Chose qu’ils ont refusée. Cependant, le tribunal de commerce a sollicité un auditeur interne pour effectuer l’inventaire. Cet auditeur n’était pas de mon choix, mais le rapport qui en est ressorti n’a pas mis en évidence de détournement de ma part. S’il y en avait eu, cela aurait été inclus dans le rapport.Je me suis battu pendant des années pour assurer le bon fonctionnement de cette entreprise. Quand je pense à tout ce que j’ai accompli et aux récompenses qui me sont accordées aujourd’hui, j’en ressens de la douleur. J’ai travaillé dur pour remettre l’entreprise sur les rails, rembourser ses dettes et payer la part de chaque associé, alors même qu’elle était en faillite et très endettée. Et pourtant, je suis remercié de cette manière aujourd’hui, les larmes aux yeux.
L’un de mes associés réside en permanence au Liban, tandis que l’autre se trouve en RDC et ne s’intéresse à rien d’autre qu’à sa part de l’entreprise. Pour ma part, j’étais à la fois co-gérant et associé, et j’accomplissais toutes les tâches opérationnelles de l’entreprise, de la recherche de clients à la vente de produits et à l’encaissement des paiements. Ensuite, mes associés venaient simplement prendre leur part du bénéfice. Mais en plus de cela, ils voulaient que j’achète la marchandise avec eux, ce qui aurait empêché l’entreprise de fonctionner correctement. J’ai donc dû m’opposer à cette proposition.
Lorsque Electromatic a fait faillite, mes associés ont abandonné l’entreprise, mais maintenant qu’elle est en bonne santé, ils veulent la reprendre. C’est très difficile pour moi, mais je suis ici uniquement parce qu’ils refusent de me payer ce qui m’est dû et qu’ils cherchent à abuser de l’entreprise pour gagner du temps.
Le juge a renvoyé l’affaire au 29 mai et a insisté auprès des avocats des plaignants pour la comparution obligatoire d’Ali FARES et Mohamed FAWAZ.