Les “bourreaux” présumés dans le dossier de M’Mah Sylla, décédée à Tunis après avoir subi une 7ème opération en novembre 2021, des suites d’un viol collectif par des médecins, se sont présentés devant le tribunal de première instance de Mafanco, le jeudi 3 novembre 2022.
Dans le box des accusés, il y a Patrice Lamah, Daniel Lamah, Sébory Cissé et Céléstin Millimouno, tous accusés de ”viol, avortement, risque causé à autrui et administration de substance nuisible”. Dans cette affaire de viol collectif sur mademoiselle Sylla, deux cliniques clandestines situées à Dapomba et Antag ont été pointées du doigt.
Appeler à la barre en première position, le docteur Patrice Lamah a livré sa version des faits. A cet effet, il a nié durant tout son interrogatoire, avoir participé à l’avortement de M’Mah Sylla: «Pour la première fois, elle était venue me voir pour une consultation médicale pour des problèmes de retard de menstrues. Je l’ai soumise à un texte de grossesse. Les diagnostics ont montré qu’elle était déjà en grossesse. Mais je n’ai pas assisté à l’avortement (…)», a-t-il répondu à une des questions du ministère public.
A la fin de cette première audience, l’avocate de M’Mah Sylla estime que le droit sera dit dans cette affaire.
«C’est une bataille qui est déclenchée pour que justice soit rendue à feu M’Mah Sylla qui a perdu la vie dans des conditions atroces et abominables. Je pense que le combat commence aujourd’hui (…) Nous pensons que justice lui sera rendue. Nous sommes déterminés à ce que justice soit rendue à feu M’Mah Sylla. Le droit à la défense, c’est un droit qui est sacro-saint dans le droit pénal. Et le droit de ne pas s’auto-incriminé est un droit pour l’accuser. Donc pour le moment ils ont le droit de nier les faits. Mais nous aussi, nous avons le droit d’apporter la preuve du contraire de ce qu’ils sont en train de rapporter», rassure Me Halimatou Camara.
Cependant, la partie civile dans cette affaire a déclaré que le procès a eu trop de récupération. Me Salifou Béavogui, l’avocat du Patrice Lamah, l’accusé qui a comparu ce jour, signale qu’une commission rogatoire internationale doit se rendre en Tunisie pour savoir dans quelle condition M’Mah Sylla a trouvé la mort.
«Dans cette affaire, il y a eu de la récupération, sinon en longueur de journées ont découvre des corps, des cas de viols, des cas de meurtres, des accidents macabres, mais ça passe. Dans le dossier M’Mah Sylla, d’un seul coup, les ONG, le pouvoir public, se sont servis de cette affaire, chacun est parti de son côté. A un moment donné c’était devenu le dossier judiciaire à la Une. Maintenant que nous sommes devant ce tribunal, la vérité va jaillir. Ce dossier a été mal instruit. C’est un dossier qui a un goût inachevé. Donc aujourd’hui, à la barre de ce tribunal, vous n’avez que des médecins qui ont des cliniques agréées et qui exercent librement, qui ont sauvé beaucoup de vie, beaucoup de service à nos concitoyens. Cette dame a été opérée plusieurs fois mais par fini, elle a été évacuée sur la Tunisie. C’est là où elle a trouvé la mort. Quand même, il faut se réjouir aujourd’hui qu’elle n’a pas trouvé la mort ici en Guinée. Pour achever ce dossier, je pense que même une commission rogatoire pouvait être envoyée en direction de l’hôpital Tunisienne ou les docteurs qui ont été les derniers à recevoir cette patiente, qui ont tenté de la sauver, mais qui n’ont pas pu. C’est un dossier qui a été bâclé », a dit l’avocat.
Le président du tribunal a renvoyé le dossier au mardi 08 novembre 2022, pour la suite des débats.