Dans cette interview, le coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (Ffsg) parle de la main tendue du Premier ministre dont il doute de la « sincérité ». Abdoul Sacko exhorte le Cnrd d’instaurer un cadre de dialogue sous la supervision de la Cedeao. En ce qui concerne la manifestation projetée le 9 mars, l’activiste appelle les populations à répondre massivement. Lisez !
Guinée360.com : Le Premier ministre a réitéré sa main tendue aux Forces vives. Que comptez-vous faire ?
D’abord est-ce vraiment une main tendue ou juste un discours pour embobiner l’opinion en montrant que le gouvernement est prédisposé à un dialogue. Nous avons l’impression que l’invitation du Premier ministre n’est en aucun cas sincère, ça ressemble plutôt à une injonction. En ce qui nous concerne, nous réclamons un cadre de dialogue inclusif présidé par la Cedeao.
En cas de refus de répondre à cette énième invitation, Bernard Goumou vous met en garde contre tout éventuel trouble à l’ordre public. Comment réagissez-vous ?
Il va falloir que les autorités prennent de la hauteur, qu’ils arrêtent de blaguer avec la transition, qu’ils sachent que la contradiction reste le socle de la démocratie et qu’ils arrêtent de privilégier les acteurs qui ont des opinions favorables à eux au détriment de nous autres. Nous ne leur demandons que le respect de la Charte de la transition et les libertés fondamentales.
Certaines entités notamment le syndicat et les faîtières de la Société civile ont désapprouvé la reconstitution des Forces vives et vous accusent d’avoir des velléités de déstabiliser le pays. Qu’en pensez-vous ?
On ne les a pas invitées à prendre part aux Forces vives reconstituées, s’ils sont forts de quelque chose qu’ils le prouvent. C’est alors que le gouvernement saura si c’est avec nous que le peuple s’identifie ou pas. Les gens ne sont accrochés qu’à des acronymes pour défendre des intérêts personnels, des décrets et autres privilèges. C’est pourquoi, j’invite nos camarades de la société civile à ne pas pervertir les luttes sociales et ne pas instrumentaliser et piétiner les valeurs et les principes qui président la lutte sociale qui s’inscrivent dans la défense de notre démocratie. C’est là que devrait être le débat. S’ils se sentent vraiment forts de quelque chose qu’ils lancent leur mouvement. C’est très dangereux que des acteurs de la Société civile veuillent marcher sur le droit des autres.
Beaucoup de citoyens estiment que le moment n’est pas opportun pour organiser des manifestations qui, selon eux, risquent de causer d’autres morts et de blessés. Ils soutiennent que vous êtes dans la provocation du moment que le CNRD n’est candidat à aucune élection. Que répondez-vous ?
Nous voulons juste que le CNRD respecte sa charte en nous laissant organiser les manifestations parce qu’aucune situation ne peut prévaloir à la violation des libertés fondamentales. Si toutefois vous pensez que les citoyens guinéens ne veulent pas manifester, on verra bien
Dans le contexte actuel, ne risque-t-on pas de retomber dans le scénario de 2009 qui avait conduit au massacre du 28 septembre ?
C’est au CNRD qu’il faut poser cette question. C’est à eux de sortir de l’orgueil, de l’emprise de ceux qui mangent et boivent à leur crochet et qui sont en train de les mentir comme s’ils étaient les meilleurs des Guinéens. C’est plutôt l’interdiction des manifestations qui posent problème et ils le savent. Si nous avons ce que nous demandons, nous n’avons pas à manifester. Mais une fois encore, nous n’accepterons pas d’être considérés comme des sous Guinéens ou des Guinéens dont les idées et opinions ne comptent pas. Qu’ils acceptent les débats contradictoires avec nous qui ne cherchons pas à profiter d’eux parce que nous, nous sommes dans la logique de les aider à réussir cette transition sur la base de la contradiction d’idées.
Selon vous qu’est-ce qu’il faut pour décrisper la situation sociopolitique guinéenne ?
Nous ne demandons que la tenue d’un débat contradictoire, équitable sur la conduite de la transition. Nous ne demandons que le respect de l’article 77 de la charte qu’ils ont eux-mêmes élaboré. Nous ne sommes pas des ennemis à abattre. Nous n’optons pas non plus pour la dilapidation des ressources pendant cette transition parce que nous ne sommes pas des ennemis ni de la junte encore moins de la transition.