Aucun cours n’a été dispensé ce lundi 3 novembre 2025 dans plusieurs institutions d’enseignement supérieur à travers le pays. Le Syndicat national autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNAESURS) a mis à exécution son mot d’ordre de grève, paralysant ainsi les activités académiques dans les principales universités publiques.
À l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, l’ambiance contrastait fortement avec l’affluence habituelle. La grande porte d’entrée était fermée, les étudiants se faisaient rares et la quasi-totalité des salles de classe demeuraient closes.
Cette situation découle de la décision du SNAESURS d’exiger l’application effective du décret D/2024/0027/PRG/CNRD/SSG du 24 janvier 2024, portant fixation des rémunérations des fonctionnaires titulaires de grades dans les Institutions d’Enseignement Supérieur (IES), Centres de Recherche (CR) et Centres de Documentation et d’Information (CDI).
Le syndicat réclame notamment la mise en œuvre des articles 4, 5, 6, 8 et 13 du texte, qu’il juge « essentiels » pour la revalorisation des enseignants.
Dans la cour de l’Université de Sonfonia, Mamadou Adama Sow, enseignant-chercheur et secrétaire général de la section syndicale, a justifié le mouvement de grève tout en dénonçant l’attitude du ministère de la Fonction publique. “Lorsque le premier responsable de la République prend une décision pour redonner la dignité aux enseignants du supérieur et que la fonction publique se hasarde à saboter, c’est ce qui nous a amené à aller au débrayage. Et pour votre rappel, en janvier 2024, le président de la République a pris une décision très sage pour dire qu’il faut redonner la dignité aux enseignants ”, a-t-il expliqué.
Tout en saluant l’initiative du chef de l’État, le syndicaliste assure que la grève n’est pas dirigée contre lui. “Le général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, que je félicite d’abord et je remercie, c’est malgré nous que nous sommes en grève aujourd’hui. Parce qu’il faut qu’il sache que nous sommes de cœur avec lui, nous faisons tout pour dans le bon sens. Depuis janvier, c’est la sixième grève que nous avons su surmonter. Mais aujourd’hui, c’était de trop. Nous ne pouvons pas résister ”, précise le syndicaliste.
Selon lui, la décision de grève émane de la base : “Les enseignants ont dit, si rien n’est fait, il faut qu’on va au débrayage. Et nous réitérons encore, nous ne céderons pas. Nous ne céderons pas. Nous sommes prêts. Même si c’est un mois. Les enseignants sont galvanisés, ils sont prêts.”
Le mouvement touche l’ensemble des universités publiques du pays. D’après Mamadou Adama Sow, la mobilisation est totale. “À l’enseignement supérieur, quand Sonfonia ferme, Gamal ferme, Kankan ferme et Kindia ferme, je peux vous montrer les images, je peux vous amener même dans votre téléphone si vous voulez. Celui qui vous dit que quelqu’un a enseigné aujourd’hui, je lui lance un défi.”
Le syndicaliste insiste sur l’unité de son organisation : “À l’enseignement supérieur, c’est l’union sacrée. Il n’y a qu’un seul syndicat à l’enseignement supérieur, c’est le SNAESURS. Et vous avez vu, même une moustique ne vole pas au sein de l’institution. C’est pour vous dire, nous ici, c’est l’union sacrée. Quand tu touches un enseignant, tu as touché tout le corps enseignant du supérieur. Et cela ne changera pas. La fonction publique ne fait que nous galvaniser et nous donner de la force. Tant qu’il n’applique pas, nous serons à la maison. C’est ça la vérité.”
Alors que les cours restent suspendus dans la quasi-totalité des universités publiques, les étudiants se retrouvent une nouvelle fois pris en otage d’un bras de fer entre le syndicat et les autorités à seulement deux semaines de la reprise des cours.
En l’absence de réaction officielle du ministère de l’Enseignement supérieur ou de la Fonction publique, la durée de cette grève demeure incertaine.
Pour l’heure, le SNAESURS semble déterminé à maintenir la pression jusqu’à la satisfaction totale de ses revendications.

