C’est tout d’abord quelque chose de nouveau car poète jadis, l’auteur franchit la barrière de ce genre poétique et se lance vers un autre qu’est le roman. Partant du micro à la plume, l’ancien chroniqueur, Adama Diané, nous révèle son style d’écriture forgé par lui-même. Qu’apprend-on de sa reconversion littéraire ? On essaie de comprendre au travers quelques extraits qui nous sont parvenus de France, ainsi que l’intitulé de l’ouvrage, la voix d’un poète engagé qui illustre le même dévouement dans le genre romanesque. Pour bien cerner le fond de ce récit, nous avons analysé les quatre années de son exil, pour mieux saisir ce qu’il nous cache dans l’ombre de ce récit plein d’aventures.
A noter qu’il fut l’animateur de l’émission « La Une », sur les ondes d’ Horizon FM Kankan. Adama Diané dont on avait perdu contact, se décide enfin de taper le poing sur l’autel par le biais d’un autre mode d’expression – celui de l’écriture. Joint au téléphone, il révèle à notre rédaction qu’il était prêt, peu importe le prix à payer, pour qu’il puisse s’offrir par le travail, cette arme, l’écriture qu’il croit redoutable et invincible. Mais si on fait un petit recul vers la tragique histoire qui lui a fait fuir le pays en 2015, on ne saura accepter le côté fiction où il a tenté de nous persuader avec leurre.
Mais nous nous souvenons bien de cette nuit, une semaine après la présidentielle d’octobre 2015. Cette histoire, selon nos analyses, serait la source de ce livre. Alors fraîchement sorti d’université, Adama Diané, après avoir été à plusieurs reprises, menacé au téléphone par des inconnus, avait été victime d’attaque mortelle. Ce qui le poussa à quitter sa famille. A Kankan, la restriction de la liberté d’expression est une tradition connue de tous. C’est la ville politique d’Alpha Condé, bastion du parti au pouvoir qui continue depuis son avènement à la magistrature suprême, à empêcher les journalistes et les leaders d’opinion de dire ou faire dire des propos qui déplaisent au gouvernement.
Arrivé en France, précisément à Limoges, il tente de se reconvertir dans un autre domaine qui est la littérature, afin de montrer son talent. Lui qui était resté sans nouvelle, réapparut dans une manifestation télévisée, en juin 2018, relayée par nombre de médias, notamment France 3. L’écrivain a accepté de répondre à nos questions, mais il était timide, comme s’il ne voulait pas revenir sur ce cambriolage qui le prive encore de sa famille. Il nous martèle au cours de cette interview téléphonique, qu’il ne souhaitait pas aborder ces sujets qui pourraient de nouveau enflammer le feu aux poudres, qu’il ne voulait pas du tout parler autre débat que celui qui s’articule autour de son livre.
Pendant une dizaine de minutes, il est resté inflexible, campé sur sa position à ne pas collaborer avec quiconque, à ouvrir la persienne à nos prétentions malgré la discrétion qu’on lui a promise, de ne rien dévoiler du contenu discret de cet entretien.
Alors parlons-en.
De quoi parle-t-il dans ce roman ? Est-ce un autoportrait ? une fiction inspirée de cette intrusion de 2015, qui avait visé les locaux du groupe de médias où il fut reporter ?
Devant un nombre de métaphores, de styles souvent difficiles à déceler, on donne notre point de vue, on analyse, on compare, afin de comprendre ce qui est caché derrière ces emphases, à commencer par le titre « L’énigme du mal ». Dans certains extraits qui nous sont parvenus, cela ajoutés aux dires de l’auteur, des réponses peu développées, il nous révèle que son roman n’est pas une autobiographie, même si la narration est à la première personne.
Dans ce court entretien, Adama nous affirme que son récit est le fruit de l’imagination, du vécu, du réel existant. Mais à bien comprendre, on se rend compte que ce récit en grande partie, aurait un lien étroit entre l’intrusion de 2015 dans les locaux d’Horizon FM, la radio où il fut journaliste. Ce qui nous oblige à rapprocher les faits, à remonter dans le temps, à comparer cette intrusion et celle racontée dans ce roman, laquelle avait été perpétrée par un groupe d’hommes qu’il appela « Gestapo », au sein d’une radio imaginaire : « Démo », implantée dans une ville imaginée : « Deux-rives ». De cette analyse, on peut dire qu’on comprend le contexte, qu’il y a une ressemblance, un rapport similaire. Adama Diané, vu son talent, son âge, ne doit pas rester oublié – car il peut inspirer d’autres jeunes à faire aimer l’écriture.
Notre État doit créer des occasions aux exilés du pays, en leur rassurant que nulle poursuite ne leur attend, qu’ils seront toujours les bienvenus dans leur pays. La HAC, Haute Autorité de Communication qui, après avoir failli à son rôle de garant et protecteur des journalistes, doit dorénavant s’impliquer pour faire revenir tous les journalistes. Sinon six autres années leur attendent encore. Et le jeune auteur, Adama Diané, n’en fera pas exception de vivre encore loin de sa famille.
Que peut-on tirer d’une intrigue aussi jeune, M’bemba, figure de résistance aux peines, personnage phare du roman, qui réussit à s’ouvrir à la vie, aux embrouilles conjugales ?
« Il faut dire qu’il s’agit de l’enfance martyr africaine en général, entourée par des parents traditionalistes qui s’imposent à la volonté des progénitures. Ils leur font faire un métier qui leur déplaît, qui ne leur offre nullement de goût. Ce roman nous aide à penser à l’antipode de cette façon de voir, de laisser les enfants avec leur conscience à avancer sans pression sur la ligne qu’ils tracent d’eux-mêmes, le destin qu’ils se fabriquent », précisé Adama Diané, avant d’ajouter qu’en toute honnêteté, le « Je » de narration n’est pas une personnalisation du récit, ni une inclinaison égoïste de l’auteur, mais « un simple choix pour raconter. »
Divers autres sujets sont évoqués comme : la politique, source de tout tollé en Afrique, la corruption grandissante, ensuite le voyage clandestin des jeunes qui se livrent à la mort, qui risquent leurs vies dans le désert avant de l’anéantir dans la Méditerranée.
Avec un tel récit qui ne cesse de faire voyager, errer, et même traverser les frontières, que peut-on conclure ? Que peut-on en tirer ?
« Rien de miraculeux », répond-il. Il suffit juste de s’offrir un moment pour lire les 212 pages réparties en six chapitres, analyser le moral des personnages clés, florissants et complexes, qui jaillissent au fur et à mesure. Il nous apprend à réfléchir sur tant de thématiques : l’enfance en milieu défavorisé, l’éducation, la culture, le sport, la conception de la politique des États africains …
« C’est un roman de culture qui ne manque de rien afin d’être un ouvrage rempart pouvant accoler les différences, qui révèle en priorité la question d’équité et de marginalisation entre les genres, qui ressort la suprématie masculine, la diversité des confessions… Il fait aussi écouter des couches qui n’ont point de voix pour se faire entendre », explique cet amoureux de l’écriture.
L’auteur se dit confiant d’être parmi ceux qui se soucient des phénomènes rongeurs qui abîment des sociétés, qui engendrent des dysfonctionnements dont il a tenté de décrire. Avec la littérature, Adama Diané dit également avoir trouvé l’arme convenable qu’il lui fallait depuis longtemps pour exhiber les inégalités, les carences et manquements qui font tourner les peuples d’Afrique dans une boucle infernale. Pour lui, l’usage des mots est la bonne approche d’expression, celle qui fustige l’oppresseur sans qu’il ne rugisse quoique furieux.
Pour son retour au pays où nombre de gens ont une envie insatiable de le rencontrer, discuter, il est resté inflexible en tergiversant face à tout éclaircissement pouvant faire comprendre ses intentions. Mais on le sait, son statut en France comme nombre d’exilés, ne lui ouvre pas encore de volet ou d’opportunité à fouler le sol natal. On se dit qu’il restera encore en exil pour six autres années cauchemardesques, tant que l’autre aura la commande des affaires.
Les versions, numérique et papier, sont disponibles sur le site www.lysbleueditions.com ou en cliquant sur ce lien :https://.lysbleueditions.com/produit/lenigme-du-mal/. Mais il est aussi disponible sur Amazon…