La comparution des 12 présumés assassins de l’ex Directrice du Trésor public, Aissatou Boiro, a pris fin ce lundi 26 novembre 2018, au tribunal de première instance de Dixinn.
L’audience été clôturée par la comparution du présumé cerveau de l’assassinat, Mohamed Diallo alias “Junior”. Cette unième audience a été surtout marquée par le rejet total, par Junior, des faits qui lui sont reprochés, et il a accusé des hauts cadres de l’armée, d’entretenir le chaos dans la cité.
Les mains au dos, en pantalon bleu-bic et chemise kaki, affichant la tenue des incarcérés de la maison centrale de Conakry, ce détenu rendu célèbre pour ses présumés vols de véhicules et collaboration avec des membres de la police et de la gendarmerie, affiche une image plutôt rassurée devant les magistrats.
Dans une cohérence digne d’un film de complot américain, Junior a d’abord nié les faits qui lui sont reprochés avant d’expliquer l’histoire de son “patriotisme” qui l’aurait mis dans pétrin.
“Si vous cherchez un faux coupable, je suis là”, s’est-il exclamé. “J’ai évolué avec les forces de sécurité, tous les grands bandits de la Guinée ont été arrêtés par moi. Je suis un héros en Sierra Leone. Je suis revenu pour lutter pour la paix des citoyens de mon pays. J’ai vu le président Alpha Condé, je l’ai présenté mon projet et il l’a approuvé. Un projet de retrait d’armes. Les délinquants de chaque commune prennent la garantie de protéger leur commune. Le général Baldé a formé un coup contre moi. Il a dit que je viens en Guinée je vais le regretter.”
Incriminant ce haut cadre de la gendarmerie ainsi que l’ancien Directeur de la police, Mohamed Garé par d’autres révélations, il tisse un lien entre ces deux personnalités et laisse même entendre que “les assassinats lors des manifestations sont orchestrés par un clan“.
Pour se donner plus de crédibilité, ce détenu a demandé le traçage de tous ses appels téléphoniques, sa confrontation avec certaines personnes qui l’auraient connu dans le cadre de l’assassinat de Mme Boiro. Il prédit d’ailleurs son sort car les ” généraux ” auraient affirmé qu’il sera jugé et condamné.
De quels généraux parle-t-il? Il ne donne aucun nom, mais affirme qu’un autre agent de la police, Balla Keiraba, lui aurait révélé qu’ “on t’a gardé en prison pour ne pas qu’on te tue“. Il laisse entendre par ailleurs que si on le laisse en prison c’est pour le réduire au silence. Et enfin permettre “aux clans des hauts cadres malfaiteurs” de poursuivre leur business.