Alors que la question du retour à l’ordre constitutionnel domine l’actualité politique guinéenne, la Cedeao a réaffirmé son attachement au chronogramme conjoint établi, en octobre 2022, entre elle et le gouvernement guinéen.
Selon l’enchaînement des 10 étapes de la transition, le retour à l’ordre constitutionnel doit être précédée du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH4), du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC), de l’établissement du fichier électoral, l’élaboration de la nouvelle Constitution, l’organisation du scrutin référendaire, l’élaboration des textes de lois organiques, avant l’organisation des élections locales puis législatives, la mise en place des institutions nationales issues de la nouvelle Constitution et enfin l’organisation de l’élection présidentielle.
Dans une interview sur RFI, le 12 mars 2024, le chef du gouvernement a précisé que le calendrier « va dans la direction » d’un retour à l’ordre constitutionnel en 2025, et non plus à la fin de cette année comme s’était initialement engagé la junte au pouvoir depuis le 5 septembre 2021. Bah Oury a justifié ce glissement par le retard dans l’exécution du chronogramme de la transition.
“J’espère que nous tiendrons le cap et ce qui est en train d’être fait va dans cette direction. Donc l’objectif, c’est de finir celà et je pense que 2025 est une bonne période pour couronner l’ensemble du processus toujours avec l’aide de Dieu parce l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum a été vraiment un coup très dure, et qui impact l’ensemble des activités de l’État aujourd’hui”, a-t-il déclaré.
Après cette sortie qui a suscité de vives réactions au sein de la classe politique, la Cedeao a jugé nécessaire de dépêcher une délégation conduite par son représentant résident en Guinée auprès du nouveau Premier ministre pour lui signifier sa position sur la question. “Nous sommes venus lui traduire tout notre soutien pour que la transition se fasse de manière apaisée et que le processus mis en place conjointement soit mis en œuvre”, a insisté Louis Blaise Aka Brou faisant allusion au chronogramme conjoint de 24 mois signé en octobre 2022.
Reste-t-il à la Cedeao de marge de manœuvre pour pouvoir ramener la junte au pouvoir à honorer ses engagements de restituer le pouvoir aux civils en 2024 ? Rien n’est sûr sachant qu’au Mali, colonel Assimi Goïta a prolongé la durée de la transition sans encombre.