Le Premier ministre, Bernard Goumou, a réitéré sa main tendue aux forces vives de Guinée (Fvg) tout en les mettant garde contre toute éventuelle trouble à l’ordre public. Le coordinateur du Forum des forces politiques (Fpp), Boubacar Diallo, estime que soit le gouvernement ne mesure l’ampleur de la situation ou qu’il feint de l’ignorer pour se donner l’air de contrôler la situation.
«Le gouvernement et le Cnrd ont toujours imposé leur point de vue, l’agenda du dialogue et même son contenu. Dans nos revendications, nous avons toujours dit que, pour nous, le cadre du dialogue doit être organisé comme suit : le Cnrd et le gouvernement d’un côté et les Forces vives de Guinée de l’autre sous la médiation de la Cedeao. Nous voulons un cadre sérieux dans lequel nous allons discuter des problèmes réels du pays. Si Bernard Goumou veut vraiment qu’on discute alors qu’il tienne compte de notre revendication», a expliqué le coordinateur du Fpp.
Face au refus des Fvg de saisir sa main tendue, le Premier ministre met en garde contre toutes éventuelles «atteintes aux droits des paisibles citoyens, de dégradations des biens privés, des édifices publics [qui] obligeraient l’État à user de la rigueur de la loi». Boubacar Diallo perçoit ces propos de Bernard Goumou comme une menace à l’encontre des acteurs sociopolitiques qui ont appelé à la manifestation prévue le 9 mars prochain. «Il y a déjà d’autres qui sont en prison et qui continuent à vivre. En tout cas, au Forum des forces politiques, nous n’avons pas peur de cela, nous allons assumer. Nous sommes à Conakry, nous ne sommes pas cachés. Si on nous laisse manifester librement, il n’y aura pas de violences. Ce sont les forces de défense et de sécurité qui usent de la violence et qui tuent les citoyens avec des armes de guerre».
Les Fvg soupçonnent la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya de nourrir des velléités de s’éterniser au pouvoir et ou d’exclure certains acteurs politiques. «Ce pays nous appartient tous. Le Cnrd ne peut pas venir par effraction et imposer son point de vue et dire que c’est ce qui va se faire. Nous ne sommes pas dans un royaume», a martelé Boubacar Diallo.
Aux religieux qui ont entamé des consultations pour harmoniser les positions, le leader politique demande de dire la vérité aux autorités de la transition. «Sinon ce n’est pas la peine qu’ils perdent leur temps à tenter de nous convaincre».